L’opéra italien envahit l’Europe en ce début de XVIIIe siècle. Cet art social au départ créé pour les riches aristocrates se révèle dans les théâtres publics qui fleurissent un peu partout en Italie et sur le continent. Progressivement, la virtuosité est mise à l’honneur : plus qu’un drame, plus qu’une histoire, le public vient se divertir et écouter des voix surprenantes, notamment les grands castrats de l’époque. Le Bel canto voit le jour avec des compositeurs comme Vivaldi, Hasse ou Porpora, qui subliment la ligne vocale dans leurs opéras, laissant la plupart du temps l’orchestre au second plan. Sous l’envoutement de ses interprètes, l’opéra italien va jusqu’à oublier par moment son sens dramatique, la virtuosité devenant une fin en soi plus qu’un moyen de soutenir le texte. Haendel se positionne un peu à l’écart de ses contemporains quant à son rapport à l’interprète : il le considère comme un instrument parmi d’autres, et l’utilise en tirant parti de ses qualités, en mettant en valeur la technique vocale de chaque chanteur. Toutes les décisions lui appartiennent, et les traits virtuoses sont étudiés avec soin pour à la fois souligner le drame et sa structure, mais aussi la voix de l’interprète. Ainsi, cette souveraineté du chanteur si critiquée dans de nombreux écrits est peut-être une servilité acceptée par le compositeur, qui œuvre avant toute chose à la perfection de son art