Schizophrénie, logicité et compréhension en première personne

Abstract

International audienceLe délire des schizophrènes est repéré en psychiatrie comme l'une des formes de pensée les plus radicale- ment déviantes. Il est d'ailleurs appréhendé le plus souvent sur la base de l'analyse des productions verbales (échelles, tests, expérimentation) et du discours des patients. Faut-il considérer que la folie est synonyme de toute perte de logicité, voire de rationalité ? Le supposer aide-t-il à comprendre la schizophrénie ? Dans cet exposé, nous défendrons l'inverse. À partir d'une discussion sur le principe de charité, nous abordons la question de la rationalité et de la logicité des schizophrènes, puis de leur compréhension, dans une pers- pective philosophique générale. Nous présentons ensuite un travail fondé sur cette hypothèse de logicité, portant sur la formalisation des conversations schizophrènes. Certaines " ruptures " conversationnelles sont manifestement typiques de la pathologie, et leur théorisation soulève la question de leur localisation : faut- il placer les ruptures au plan logico-sémantique, ou bien au plan pragmatique-interactionnel? L'analyse conduit à admettre les deux réponses comme reflétant deux points de vue possibles sur la conversation pathologique : celle, externe ou à la troisième personne, du sujet " normal " et celle, interne ou à la pre- mière personne, du sujet schizophrène. Les analyses formelles sont conduites dans le cadre de la Segmented Discourse Representation Theory de Asher & Lascarides, dont les principes sont succinctement exposés dans l'article

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