Cet article est provisoirement indisponible par respect pour l'éditeur. Il sera accessible en juin 2008.La sociologie de la culture nous a habitués à une lecture critique du goût. L'amateur est supposé ressentir un rapport naturel aux objets de sa passion. La sociologie vient montrer le caractère en réalité socialement construit de cette relation : les catégories utilisées, l'autorité de leaders et l'imitation des proches, les institutions et les cadres de l'appréciation, le jeu social de l'identité et de la différenciation. Une telle approche ne se contente pas de révéler les déterminants cachés d'une pratique qui se lirait comme naturelle, spontanée, individuelle. Au passage, elle transforme le goût en signe. Le contact même avec les choses, l'incertitude des sensations, les opérations et les techniques utilisées pour se rendre sensible aux objets recherchés et pour se sentir sentir, tous ces moments et gestes du goût sont négligés, quand ces pratiques ne sont pas directement dénoncées comme des rites dont la principale fonction serait moins de faire sentir que de faire croire, de produire la croyance collective des amateurs que le goût est dans les choses alors que, le sociologue le sait bien depuis Durkheim et Bourdieu, il n'est « que » la production collective de cette croyance même