Dans le roman clé des Rougon-Macquart, Le docteur Pascal, Emile Zola développe longuement le thème de la fatigue intellectuelle dont souffre le personnage principal du fait de ses recherches scientifiques. La prise en compte de la fatigue du peuple se fait selon une tonalité toute différente. Que ce soit celle du mineur dans Germinal, de l'ouvrière dans l'Assommoir, du cheminot dans La bête humaine, du paysan dans La terre ou même des vendeuses dans Au bonheur des dames, cette fatigue n'est perçue qu'en termes de surmenage et d'usure. Ce traitement différent de la fatigue des riches et de la fatigue des pauvres se retrouve en fait largement dans les travaux médicaux de la fin du XIXe siècle. Ces travaux sont alors marqués par deux traditions qui n'ont que peu communiqué entre elles : les travaux des neurologues sur la neurasthénie et ceux des psychophysiologistes sur la fatigue au travail. Si les seconds ont porté une attention importante aux conséquences physiques, mais aussi nerveuses, du travail dit « manuel », ils ont eu également certaines difficultés à se défaire de l'idée d'un travail intellectuel qui serait autant voire plus fatigant que le travail manuel