Dans le livre III des Istorie fiorentine, Machiavel met en récit le tumulte des Ciompi, ces plébéiens qui, en 1378, se révoltèrent pour être considérés comme des Florentins à part entière. La façon dont Machiavel utilise ses sources l'amène à faire des révoltés des acteurs de l'histoire mais les prive de leur parole pour y substituer sa propre conception du fonctionnement des cités. Les lectures ultérieures de cette interprétation machiavélienne, en particulier celles qui relèvent du marxisme, tendent à admettre qu'une victoire contre l'oppression entraîne une oppression nouvelle. C'est là ne pas entendre la voix des Ciompi mais aussi ne pas comprendre comment Machiavel conçoit le rôle des tumultes dans une cité. L'article analyse successivement: la lecture des événements faite par Machiavel et la façon dont il utilise les sources qu'il a à sa disposition; puis le discours du plébéien anonyme (livre III, chapitre XIII) et la façon dont ce texte a été compris par les lecteurs de Machiavel au XXe siècle. Enfin, l'article rappelle ce que sont pour Machiavel les bons et les mauvais tumultes