31 pages.Exploitant les résultats d'une enquête ethnographique d'une société de multigestion, cette communication souhaite contribuer à une sociologie du calcul financier. Elle entend montrer que la rationalité financière gagne à être pensée à partir des modes de raisonnement effectivement menés par les acteurs qui pratiquent des activités financières, et non pas comme une entité logique transcendantale. Elle s'attache aux agents de rationalisation des processus de (multi-) gestion d'actifs et porte une attention particulière aux outils avec lesquels travaillent les analystes-multigérants pour choisir les fonds qu'ils intégreront à leurs portefeuilles. Ces éléments structurent la perception que les acteurs ont du monde de la gestion et construisent un ordre rationnel dans lequel se déploie l'activité. Mais ils n'empêchent pas les acteurs d'élaborer à leur tour des instruments symboliques avec lesquels donner sens à leur action. Au contraire, les artefacts matériels ou immatériels (supports d'écriture et formules de calcul par exemple) sont la trace d'une action humaine structurante autant qu'ils la structurent à leur tour. Résultant d'efforts destinés à dégager un profit monétaire dans un univers concurrentiel, les régimes de rationalité qui les accompagnent sont solidaires de pratiques de gestion qui sont elles-mêmes en affinité avec les positions qu'occupent les acteurs dans ce sous-espace de l'industrie financière