research

Un siècle de vaccination antivariolique en Égypte (1827-1927) : politiques de santé publique et pédagogie de la modernisation.

Abstract

En Égypte comme en Europe, la vaccination antivariolique a constitué la première opération de médecine préventive à grande échelle. Introduite en même temps que l'État moderne, elle en a suivi l'évolution. Imposée d'abord à l'armée puis à la population civile, elle a certes soulevé d'abord des résistances, liées à l'incompréhension mais aussi à son caractère encore aléatoire. Mais dès les années 1870, l'hostilité avait reculé et la proportion assez importante de personnes immunisées permettait de modérer sensiblement les ravages de la variole. L'occupation britannique inaugure un second temps de la pratique vaccinale, réalisée à plus grande échelle encore et désormais obligatoire. Il s'agit pour le colonisateur d'améliorer la qualité des hommes, notamment dans les zones rurales, dans un objectif de productivité. Après 1923, l'Égypte nouvellement indépendante parvient grâce à un nouvel effort à une couverture quasi exhaustive de la population. Un siècle de socialisation à la vaccination antivariolique a non seulement permis de faire reculer la maladie, mais a accompagné également d'autre types de changements, notamment dans les rapports que la population égyptienne entretenait à l'espace et au temps. Le recours au soin n'est plus une démarche privée, mais il est sollicité auprès de structures publiques ad hoc, obéissant à des horaires fixes, disséminées sur le territoire et tout particulièrement dans les villes. Acte de prévention, la vaccination offre enfin une forme d'apprentissage de la projection vers le futur

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