International audienceLes bouleversements que subit actuellement le domaine de la transplantation ont été qualifiés, dans le discours juridique et médical, de "crise de confiance". Dans cette hypothèse, ce n'est pas tant la nature de la solution - la transplantation - qui est mise en cause que la façon dont elle est mise en oeuvre. En conférant une place prioritaire au savoir scientifique et technique, l'institution exclut toute autre approche du problème. Ni les multiples aspects du corps, ni les différentes formes de savoirs qui le traversent ne sont réellement mis à profit.Nous pensons que les deux niveaux - insuffisance de la logique mécaniste/crise de confiance - sont intimement liés dans le cas des transplantations. Il faudra donc d'abord interroger la notion même de crise, voir quels sont les acteurs - médecins, juristes, médias, donneurs et receveurs - impliqués et leurs interprétations de la crise. Nous tenterons de comprendre comment ces derniers contribuent à faire exister une crise de la transplantation qui "doit être l'affaire de tous" et les difficultés auxquelles se heurte cette entreprise. Ensuite, il paraît fondamental d'examiner en quoi la "confiance" du public s'est brisée et d'analyser la bipartition - scientifico-juridique et émotionelle - des arguments utilisés pour la restaurer. A la lumière des différents intérêts et logiques qui sous-tendent cette argumentation, nous essayerons d'en examiner les limites