►Introduction : Les activités de recyclage des métaux participent à l’économie circulaire, mais elles ont également engendré des pollutions historiques persistantes des sols. Désormais, les émissions industrielles sont très contrôlées (meilleures techniques disponibles) et les citoyens riverains des sites ICPE sont particulièrement attentifs aux risques environnementaux et sanitaires. Dans ce contexte, certains gestionnaires de sites ICPE, tels que la STCM adoptent une démarche proactive de gestion des pollutions historiques : ils anticipent la réglementation et mettent en œuvre des démarches participatives de gestion du site avec les différents acteurs concernés. L’objectif de cette communication est de présenter un projet de « phytoremédiation pragmatique » mené sur le site de Bazoches (proche Orléans) par l’entreprise STCM en collaboration avec un agriculteur riverain et l’Axe Transition Ecologique du CERTOP. ►Mise en œuvre du projet : Le site STCM de Bazoches a fait l’objet de plusieurs projets de recherche (Leveque, 2015 et Foucault, 2014). Un fort gradient de concentrations en métaux (Pb, Cd) et metalloïdes (As, Sb..) dans les sols de surface (30 cm) existe, depuis le mur d’enceinte de l’usine (40000 mgPb/kg sol) vers le chemin à 140m de distance (100 mgPb/kg sol au correspond au fond géochimique régional naturel) qui sépare la parcelle STCM d’une parcelle cultivée en différentes céréales (blé, orge…). Cette pollution historique des sols de surface a pour origine des retombées atmosphériques de particules riches en métaux et des épandages d’eaux usées pendant plusieurs années puisque l’usine a été implantée en 1967. Une très faible migration des polluants depuis le sol de surface vers les horizons plus profonds est observée (30 cm pour le Pb en 50 ans d’activité de l’usine). Mais, cette pollution historique a un impact sur l’écosystème sol (dynamique des matières organiques et de la faune du sol) et une pollution diffuse aux particules fines riches en polluants peut influencer la qualité des végétaux cultivés aux abords de ce site. Un projet de gestion agro-environnementale du site a démarré en 2016 :
A) Le site concerné ne fait pas l’objet d’une pression foncière, il est donc possible dans un premier temps de tester l’efficience une étape de phytoextraction des polluants en exportant de façon systématique dans une « zone de stockage » les tontes de végétaux qui poussent sur le site dans la zone comprise entre 140 et 100m de distance de l’usine. Les observations de terrain ont en effet permis de constater la présence de syllénes, plantes hyperaccumulatrices des métaux bien implantées sur le site. Cette étape pourrait être effectuée pendant 3 ans avec un suivi annuel des concentrations dans les partis des végétaux récoltées et dans les sols à t=0 et t=3 ans. Les résidus de végétaux riches en métaux seront stockés dans une zone de compostage créée aux abords du mur d’enceinte puis le compost serait incorporé au sol de surface de la zone 100m-80m de distance à l’usine. Les objectifs visés par cette méthode à moindre coût et qui utilise des plantes endogènes qui ont démontré leur capacité à pousser sur le site sont : -Réduire progressivement la zone de contamination des sols de surface autour de l’usine par la phytoextraction des métaux.
-Partir de la zone la moins polluée et progresser vers la zone la plus polluée permet l’utilisation sur le site du compost riche en métaux issus du compostage des tontes. Le sol de la zone 100-80 enrichi en matières organiques sera aussi plus propice ensuite à la pousse des végétaux et à la vie biologique du sol.
Ensuite, selon les résultats il pourrait être décidé : -de cultiver si besoin des plantes plus performantes pour la phytoextraction. -d’utiliser des acides organiques pour favoriser la solubilité des polluants inorganiques dans une démarche de phytoextraction assistée.
B) Des haies d’arbres ont été plantées à 140 de distance de l’usine (zone considérée comme non polluée) pour réduire les transferts de particules, rendre visible les limites de la parcelle….
Ces aménagements ont pour objectif de réduire à moindre coût les transferts de particules de sol pollués et d’intercepter les particules. Les arbres et/ou haies doivent être choisis en termes de hauteur, d’adaptation au climat.
►Conclusions & Perspectives : L'étude de la végétation sur les sols fortement pollués apporte des données importantes pour l'amélioration des techniques de phytoremédiation. De nombreux auteurs ont souligné que la prairie métallophyte illustre l’adaptation de l'écosystème aux perturbations anthropiques (Austruy, 2012). Par exemple, l’espèce pseudo métallophyte, Silene vulgaris a été observée sur le site de Bazoches ainsi que sur l'ancien site industriel d’Auzon en Haute-Loire (Auvergne, France) présentant une forte pollution des sols (As, Sb, Cd, Cu et Pb). Le projet scientifique décrit permettra de tester en conditions de terrain l’efficacité de remédiation des plantes endogènes et surtout de créer des synergies avec les acteurs riverains du site. Par ailleurs, la STCM envisage de développer d’autres projets de gestion volontaire de ses environs et effluents. Par exemple sur Toulouse, la mise en place d’une zone pédagogique de phytoextraction est en discussion. Le traitement des eaux usées de l’entreprise est désormais pour partie assuré grâce à un dispositif innovant « le tapis biosorbant » à base d’écorces développé par PearL (Limoges)