L’antériorisation de /ɔ/ en français contemporain : une étude acoustique comparative entre Québec et France

Abstract

La présente étude porte sur l’antériorisation de /ɔ/, souvent étudiée en France, mais relativement peu au Québec. Pour mieux explorer la variation diatopique liée à ce phénomène et clarifier sa relation avec le contexte consonantique, une analyse acoustique comparative des trois premiers formants de 3835 voyelles produites en position accentuée dans des mots et pseudo-mots monosyllabiques (C)VC par 78 étudiants universitaires de Saguenay et de Québec (Québec) et de Lyon (France) a été menée. Des modèles de régression linéaire à effets mixtes appliqués aux données permettent de constater une différence importante du F2 de /ɔ/ entre les villes, cette voyelle étant plus antérieure à Québec qu’à Saguenay et à Lyon qu’à Saguenay. Les voyelles québécoises et françaises se distinguent également, dans une moindre mesure, sur le plan de F1 et de F3. Dans tous les cas, quelle que soit leur position (antéposée ou postposée), les consonnes antérieures (ex. /t, d/) favorisent le F2 le plus élevé et les consonnes labiales (ex. /p, b/), le F2 le plus bas. Ces résultats indiquent que l’antériorisation de /ɔ/ à l’échelle acoustique est bien présente chez les jeunes locuteurs québécois et qu’elle est variable tant au niveau micro-géographique que macro-géographique, tout en étant largement affectée par la coarticulation chez tous les locuteurs. This study is concerned with /ɔ/-fronting, a phenomenon widely studied in France, but that has received little attention in Quebec French. To better understand the regional variation of /ɔ/-fronting and to further investigate its relationship with the consonantal environment, a contrastive acoustic analysis of the first three formants of 3835 stressed vowels uttered in (C)VC monosyllabic word and pseudo-words by university students from Saguenay and Québec (Quebec) and Lyon (France) was conducted. Linear mixed effects regressions fitted to the data show substantial variation in F2 across cities, /ɔ/ being more fronted in Québec than in Saguenay and in Lyon than in Saguenay. F1 and F3 also vary between France and Quebec French. In all cases, no matter their position (before or after the vowel), front consonants (ex. /t, d/) favor the highest F2, while labial consonants (ex. /p, b/) are associated with the lowest F2. These results suggest that /ɔ/-fronting, at the acoustical level, is alive and well among young Quebec French speakers and that it is variable both at the micro- and macrogeographical levels, while also being largely affected by coarticulation across all speakers

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