En dynamique fluviale, différentes techniques de marquage sont couramment utilisées dans le
but de cerner les critères de mise en mouvement de la charge de fond, de déterminer la
compétence des cours d’eau et d’estimer les distances de charriage. Toutefois, ces résultats
sont basés sur des mobilisations d’éléments isolés et sur des pas de temps relativement courts.
Il est donc difficile d’extrapoler ces données au déplacement de l’ensemble de la charge de
fond vu l’existence de sites de piégeage, au sein même du lit mineur, qui peuvent immobiliser
les éléments pendant de très longues périodes. Une méthode originale a toutefois été
développée au laboratoire d’Hydrographie et de Géomorphologie fluviatile (ULg), pour
étudier le transport de la charge de fond sur un pas de temps nettement plus long. Cette
méthode consiste à utiliser les scories, rejetées en grande quantité par les anciens fondeurs
dans les rivières, comme traceur de la progression de la charge de fond. Pendant plusieurs
siècles, les scories se sont intimement mélangées avec les éléments naturels de la charge de
fond et ont progressé conjointement. La taille des scories présentes sur les seuils permet donc
d’estimer la compétence effective des rivières. Par ailleurs, les périodes de fonctionnement
des sites sidérurgiques sont généralement connues. Sur la base des distances parcourues par
les scories, il est donc possible d’évaluer la vitesse de progression des éléments de la charge
de fond