De maladie négligée à maladie prioritaire (150 ans d'histoire de la trypanosomiase humaine africaine)

Abstract

La trypanosomiase humaine africaine est une parasitose d'évolution aiguë pour la forme rhodésiense en Afrique de l'Est, plus chronique pour la forme gambiense dans le reste de l'Afrique sub-saharienne. Après transmission du parasite par piqûre d'une glossine la maladie évolue en deux phases, hémolymphatique puis neurologique, avant d'aboutir au décès inéluctable. Avec 300 000 à 500 000 malades estimés actuellement par l'OMS elle fait peser un lourd fardeau sur l'Afrique. L'OMS tente depuis de nombreuses années d'alerter la communauté médicale et politique de la réémergence de la maladie sur le continent africain. Cette prise de conscience semble aujourd'hui se faire. L'histoire de la maladie du sommeil s'est répétée de façon presque identique durant ces 150 dernières années : les premières épidémies débutèrent vers 1895 faisant en trente ans plus d'un million de morts. Les autorités ne s'en préoccupèrent que dans les années 20. Son accès au statut de maladie prioritaire permit alors son contrôle grâce à des hommes tels que le docteur Eugène Jamot, pour ne laisser persister que de très rares cas au début des années 60. Mais suite à l'indépendance des pays africains elle se propagea progressivement, pour arriver aujourd'hui, au bout de près de quarante ans d'indifférence, à la même situation que celle du début du siècle. Certains facteurs de cette réémergence sont liés à la maladie elle-même : c'est une infection complexe et difficilement contrôlable. Par ailleurs d'autres déterminants politiques, économiques et scientifiques, en condamnant la maladie du sommeil à l'indifférence depuis les années 60, ont contribué a sa réémergence. L'analyse de la période coloniale et de la fin du XXème siècle permet de mettre en évidence des déterminants communs qui ont entraîné la prise en charge de la trypanosomiase. On peut constater que l'accès au statut de maladie prioritaire est influencé par des déterminants politiques, sociologiques et économiques, qui convergent pour aboutir à la prise de conscience de la menace que représente cette maladie. Alors que l'espoir d'endiguer la progression de la maladie du sommeil était faible à la fin du XXème siècle, un nouvel optimisme renaît actuellement, autorisé par ce nouveau statut. Mais tout reste encore à faire.GRENOBLE1-BU Médecine pharm. (385162101) / SudocPARIS-BIUM (751062103) / SudocSudocFranceF

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    Last time updated on 14/06/2016