Enjeu philosophique du conte romantique (conceptions esthétiques de Novalis)

Abstract

"Poème magique", considéré comme une véritable oeuvre de référence, le conte Henri d'Ofterdingen ouvre de nouvelles perspectives, en réaction contre l'Aufklärung et en contrepoint au Wilhem Meister de Goethe. Dans sa réflexion, par des dialogues à des fins éducatives ou par l'évocation de mythes susceptibles de confirmer sa vocation de poète, Novalis mène une introspection qui apporte une nouvelle dimension à l'oeuvre littéraire. Consciemment ou inconsciemment, l'auteur-narrateur-protagoniste édifie son propre Moi, par une tension voulue entièrement dirigée vers le Beau et qui l'éloigne de tout engagement spontané contraire à son éthique. Le cadre historique choisi offre une gamme de héros qui incarnent les pensées de l'auteur et entrent désormais dans l'oeuvre littéraire, au même titre que les mythes évoqués. L'accord profond de l'homme et de la nature, leur harmonie reconquise et l'effacement des frontières qui opposent réel et idéal, nature et science, vie et mort, apparaissent clairement dans le poème-conte où Novalis, grâce à la magie des mots, crée l'Age d'Or convoité. La disparition de repères chronologiques fonde une nouvelle conception du temps accordée à la formation du héros chez qui expérience philosophique et aspiration esthétique se rejoignent pour devenir éthique de vie. Le respect de la nature, le lien que l'homme établit avec elle, tant dans sa conduite qu'à l'intérieur de lui-même, la priorité accordée à la communication, et la recherche de l'harmonie voulue et réalisée par le poète, donnent à son oeuvre une place à part où transparaissent perspectives fantastiques et analyses psychanalytiques. La dynamique imaginaire, ainsi constituée grâce à la vision poétique de Novalis et à sa sensibilisation de la raison, donne désormais au lecteur le même rôle initiatique que celui de l'auteur et constitue déjà une forme d'écriture post-moderne"Magical Poem", considered as a true reference work, the story Henri d'Ofterdingen opens up new perspectives that counter the Aufklärung and Wilhem Meister of Goethe. Novalis, in his reflection through educational dialogues or by myths that confirm him as a poet, carries out an introspection that brings out a new dimension in literature. Consciously or unconsciously, the writer-narrator-protagonist builds up his own self, by a desired tension totally driven towards the Beautiful and separates him from all spontaneous involvement opposed to his ethic. The chosen historical setting offers a series of heroes who embody the thought of the author and take their place in the literary work just as in the cited myths. The deep renewed harmony betwen man and nature and the effacing of the frontiers between the real and the ideal, nature and science, life and dead come out clearly in the poem-story where Novalis because of the magic of the words creates the desired Golden Age. The disappearance of chronological reference founds a new idea of time for the formation of the hero, in whom philosophical experience and aesthetic aspiration come together to create an ethic of life. The respect for nature, the tie which unites man to her in the behaviour and inside himself, the priority given to communication, and the search for desired and realised harmony by the author give his work a special place where there appear fantastic perspectives and psychoanalytic analyses. The dynamic imaginary which issues from the poetic vision of Novalis and his sensitiveness to reason gives henceforth the reader the same initiative role as the author's and constitutes a form of post-modern writingST DENIS-BU PARIS8 (930662101) / SudocSudocFranceF