Etude des facteurs prédictifs des troubles de l'humeur induits par interféron-á au cours du traitement de l'hépatite C chronique (approche descriptive et transactionnelle)

Abstract

Les effets secondaires psychiatriques de l'interféron-á(IFN-á), en particulier les troubles de l'humeur, peuvent constituer une limite importante à l'observance thérapeutique. Leur caractérisation reste cependant imprécise. Le but de ce travail était de caractériser de façon prospective, à l'aide d'outils standardisés et validés, la survenue de troubles de l'humeur (incidence, facteurs de risque, délai de survenue et traitement) chez des patients traités par interféron pégylé et ribavirine. De plus, le modèle transactionnel du stress a été employé pour mesurer l'effet des transactions et du coping sur l'ajustement aux effets de l'IFN-á. 97 malades (50 H, âge 46+-12 ans) atteints d'hépatite chronique C naïfs traités par interféron-á et ribavirine pendant 24 à 48 semaines ont été inclus dans l'étude. Ils ont été systématiquement évalués lors d'un entretien semi-structuré (MINI-DSM-IV) à l'inclusion (T0), un mois après le début du traitement (T1), et trois mois après le début du traitement (T2). L'évaluation comprenait : les antécédents psychiatriques personnels et familiaux, les symptômes dépressifs (MADRS), le niveau d'anxiété trait et état (STAI-Y), et la fatigue (BFI). Les patients ont également rempli des questionnaires de stress perçu, de contrôle de la santé, de soutien social et de coping à T1. Les critères d'ajustement (symtômes dépressifs, qualité de vie) ont été mesurés à T2. 33 patients (34%) ont présenté un trouble de l'humeur. Ces troubles de l'humeur correspondaient selon le DSM-IV à un épisode hypomaniaque ou maniaque dans 19 cas (58%) et à un épisode mixte dans 14 cas (42%). La survenue des troubles de l'humeur était significativement associée aux antécédents de dépression, aux symptômes anxio-dépressifs et à la fatigue à T0. Des régressions multiples ont montré que l'anxiété-trait était le principal prédicteur de l'irritabilité et de la détresse psychologique à T2 (b= 0,31; p<0,001, et b= 0,32; p<0,01, respectivement), alors que les pertubations physiques étaient influencées par l'âge (b= 0,28; p<0,01), les antécédents psychiatriques familiaux (b= 0,22; p<0,01), et la fatigue à T0 (b= 0,21; p<0,05). Le soutien social, le contrôle externe et le coping palliatif ont une influence positive mais limitée sur les syptômes à T2 (p<0,05). Des régressions hiérarchiques ont montré que l'effet des antécédents psychiatriques familiaux sur les critères à T2 transite par l'induction de l'anxiété-état à T1. Les troubles de l'humeur sont fréquents (34%), au cours des trois premiers mois du traitement par IFN-á; et ils associent souvent une composante maniaque irritable. Des antécédents psychiatriques et des symptômes anxio-dépressifs élevés avant le traitement constituent des facteurs de risque majeur vis-à-vis de l'apparition de ces troubles. En revanche, les variables issues du modèle transactionnel du stress n'ont qu'une influence limitée sur l'intensité de ces pertubations.Psychiatric side effects are common with interferon-á therapy, and responsible for treatment discontinuation in 10% to 20% of cases. The aim of this study was to characterize psychiatric events occurring during Chronic Hepatitis C (CHC) treatment, and to determine vulnerability factors associated with their occurrence. Transactional model of stress, in which appraisals and coping processes are believed to play a central role, has been evoked to explain emotional and physical adjustment to IFN-á therapy. 97 CHC patients (50 males, mean age 46+-12 yrs) treated for the first time with interferon-á plus ribavirin for 24 to 48 weeks were enrolled. Psychological variables were systematically assessed, using the Mini International Neuropsychiatric Interview (MINI-DSM-IV), the Montgomery Asberg Depression Rating Scale (MADRS), the State Trait Anxiety Inventory (STAI-Y), and the Brief Fatigue Inventory (BFI), at baseline (T0), after one month (T1) and after three months of treatment. Patients also completed measures of perceived stress, control appraisals, social support and coping after one month of treatment (T1). Variables related to psychological and physical adjustment (depressive symptoms, quality of life) were assessed two months later (T2). Psychiatric events occurred in 33 patients (34 %). They consisted of mood disorders (according to DSM-IV) in all cases with irritable mania/hypomania in 19 cases (58%) and major depression with manic/hypomanic features (depressive mixed states) in 14 cases (42%). Their occurrence was significantly associated with past drug use, and elevated anxiety and depression scores at T0 (p<0,05). In multivariate regression analysis, trait anxiety (T0) was the main predictor of psychological distress and irritability during treatment (b= 0,31; p<0,001, et b= 0,32; p<0,01, respectively), whereas physical syptoms were predicted by older age (b= 0,28; p<0,01), family psychiatric history (b= 0,22; p<0,05), and initial fatigue (b= 0,21; p<0,05). Social support, external control and palliative coping had a little, but significant positive influence on symptoms (p<0,05), but emotion-focused coping was always related to poor emotional adjustment. Hierarchical regression model showed that the relationship between family psychiatric history anxiety adjustment criteria was mediaded by anxiety after one month of treatment. Mood disorders are common (34%) during the early stages of interferon therapy for CHC, and often include irritability and manic/hypomanic features. Psychiatric history and elevated scores of anxiety and depression at baseline are significant risk factors for their occurrence. But appraisal and coping processes have little influence on these emotional and physical disturbances according to transactional model of stress.BORDEAUX2-BU Sci.Homme/Odontol. (330632102) / SudocSudocFranceF

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    Last time updated on 14/06/2016