Biodiversité aquatique souterraine de France (base de données, patrons de distribution et implications en termes de conservation)

Abstract

L'état des connaissances sur la diversité des espèces strictement inféodées aux eaux souterraines (i.e. stygobies) est fragmentaire et limite sévèrement nos capacités à réaliser un bilan et un suivi de l'inventaire des espèces, à tester des hypothèses biogéographiques, macroécologiques et macroévolutifs, et à donner les bases d'une politique adéquate pour sa conservation. A partir de la constitution d'une base de données spatialisées, l'objectif de ce travail était de mettre en évidence de grandes tendances dans la distribution taxonomique et spatiale de la stygofaune à l'échelle de la France et de considérer ses implications en termes de conservation. La base de données établie qui comprend 380 espèces et sous-espèces, correspondant à près de 5700 enregistrements place la stygofaune française parmi l'une des plus riches d'Europe. Dominée par le groupe des Crustacés, la richesse en espèces stygobies reste cependant encore largement sous-estimée à la fois taxonomiquement et spatialement. L'évolution exponentielle du nombre cumulé d'espèces montre effectivement qu'un nombre important d'espèces stygobies reste à découvrir. De plus, l'évaluation de la variation spatiale de l'effort d'échantillonnage démontre que l'exploration biologique des eaux souterraines a été majoritairement limitée aux régions karstiques, comparativement aux aquifères poreux qui restent quasiment inexplorés. Les résultats obtenus ont néanmoins permis d'apporter des éléments de compréhension fondamentaux concernant la structuration spatiale de la diversité stygobie à grande échelle. Malgré l'accumulation de données durant plus d'un siècle, les aires de distribution spatialement réduites des espèces stygobies mettent en évidence un fort degré d'endémisme. L'augmentation de la contribution de la bêta diversité (différence de composition en espèces entre aquifères) à la diversité totale en espèces avec l'échelle spatiale (aquifères, sous-régions, régions) soutient l'hypothèse d'une structuration spatiale hiérarchique de la biodiversité. Ce résultat suggère qu'une stratégie efficace de conservation, pour préserver la biodiversité stygobie globale, serait de protéger un réseau d'aquifères distribués dans des régions faunistiquement distinctes, permettant ainsi de maximiser la bêta diversité. Les résultats obtenus soulignent également la nécessité d'augmenter et de renforcer l'étendue spatiale couverte par les données rassemblées dans la base afin d'obtenir une meilleure évaluation de la variation spatiale de la diversité en espèces. Dans cette perspective, la stratégie d'acquisition de données la plus efficace serait d'étudier la composition faunistique d'un nombre restreint d'aquifères dans des régions qui ont été jusqu'à présent peu échantillonnées. L'acquisition d'un tel corpus de données devrait permettre de consolider les bases scientifiques acquises durant ce travail pour une meilleure compréhension des mécanismes de la dynamique de répartition de la stygofaune et pour le développement de stratégies de conservationLYON1-BU.Sciences (692662101) / SudocPARIS-Museum-Bib. de malacologie (751052308) / SudocROSCOFF-Observ.Océanol. (292393008) / SudocSudocFranceF

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    Last time updated on 14/06/2016