Une évaluation des connaissances et des pratiques concernant la prise en charge de la douleur aiguë sévère en SAU, en Midi-Pyrénées, a été réalisée auprès de 194 médecins urgentistes, IMG et internes en anesthésie-réanimation, du CHU de Toulouse et 6 CHG. L enquête a été effectuée grâce à un questionnaire, 2 cas cliniques, puis l étude rétrospective de 310 dossiers-patients réels, permettant une comparaison entre théorie et pratique. Les cas cliniques ont permis d évaluer la prise en charge d une douleur d origine traumatique (fracture de membre) d une part, et d une douleur d étiologie médico-chirurgicale( douleur abdominale aiguë) d autre part. L analyse statistique a mis en évidence des connaissances relativement satisfaisantes quant à l évaluation de la DAS (EVA/EN utilisées par 98% des médecins, définition de la DAS correcte pour 50%), avec quelques lacunes cependant concernant l existence de sociétés savantes et de protocoles écrits dans les services, la pharmacologie et le recours aux morphiniques et à l analgésie balancée notamment. En pratique, la réalité est tout autre : L EVA/EN est spécifiée par écrit dans 60% des dossiers seulement ; 21% des douleurs traumatiques et 12% des douleurs abdominales aiguës ne reçoivent aucun antalgique ; la morphine est prescrite respectivement dans 62% et 13% des cas, avec en outre des posologies inférieures aux doses recommandées et des délais séparant les réinjections trop longs. Le recours aux co-antalgiques est insuffisant, les AINS en particulier ne sont prescrits que dans 40% des fractures, versus 84% en théorie. Une fracture de membre a généralement beaucoup plus de chance d être soulagée qu une douleur abdominale ; de même, les personnes âgées n ont reçu aucun opiacé ; les hommes reçoivent également plus souvent que les femmes une antalgie adéquate. Les raisons invoquées sont de l ordre du défaut de formation et de clarté dans les enseignements prodigués, dépendent aussi de dogmes irraisonnés comme la peur de modifier le tableau clinique, ou la nécessité d attendre l avis spécialisé, ou des examens complémentaires ; des habitudes et a priori culturels, comme les conditions de travail et la personnalité du médecin face au patient hyperalgique ont probablement leur importance. L enquête souligne la nécessité de poursuivre des efforts de sensibilisation, de communication et coordination au sein des SAU, de l implication de tous, de réévaluations fréquentes des pratiques et des recommandations afin de s inscrire dans une démarche d assurance qualité.PARIS-BIUM (751062103) / SudocSudocFranceF