De la circulation des lames à la circulation des poignards (mutation des productions lithiques spécialisées dans l Ouest de la France du Ve au IIIe millénaire)
Une diversité de production laminaire circule dans l'Ouest de la France, entre le milieu du Ve et la fin du IIIe millénaire. A partir des modalités de production jusqu'à celles de leur utilisation, ce travail s'intéresse à l'évolution des productions spécialisées et à leurs motivations. Au Néolithique moyen, les dolmens à couloirs livrent des grandes lames brutes, interprétés comme des objets socialement valorisés, fruit de productions spécialisées. Au début du Néolithique récent, de telles productions n'existent plus. Il faut attendre les derniers siècles du IIIe millénaire pour observer à hauteur de la Loire, des petites lames conçues pour l'échange à l'échelle régionale. Ce sont sur ces supports que s'observent les lames appointées entre 3100 et 3000 av. J.-C. Deux phases de productions de poignards s'observent en Touraine. La phase ancienne est située entre 3050 et de 2850 av. J.-C. Les poignards sont réalisés sur des lames larges et courtes (jusqu'à 20-22 cm) produites à partir de nucléus NaCAL et ils sont retouchés par pression. La circulation de ces pièces prend une ampleur extrarégionale. Les poignards anciens sont majoritairement retrouvés en sépultures à l'état neuf. Lors de la deuxième phase, dite classique, datée entre 2850 et 2450 av. J.-C., les poignards sont réalisés sur des lames de livres de beurre, ils mesurent alors entre 25 et 34 cm. La production s'élargie à plusieurs sous-produits (scies à encoches, éclats). La circulation s'étale de l'Allemagne du Nord, jusqu'aux Alpes et aux Pyrénées. Les poignards sont désormais majoritairement retrouvés en habitat, abandonnés en état d'exhaustion. Dans les sépultures, le matériel est rencontré dans des états variés, neufs ou très usés, entiers ou fragments. Les apprêts se développent (polissage, retouche en écharpe). La disparition des poignards de silex vers 2450 av. J.-C. reste encore mal comprise.Diverse blade productions circulated in western France from the middle of the Sth to the end of the 3rd millennia. Through the study of production and use strategies, this research explores the evolution of specialized productions and their motivations. Middle Neolithic gallery graves yield large unworked blades interpreted as socially valuable objects resulting from specialized productions. At the beginning of the Late Neolithic, these productions no longer exist. It is not until the last centuries of the 3d millennium that we observe in the Loire region, small blades destined for exchange on a regional scale. Between 3,100 and 3,000 BC, these blades serve as blanks for pointed blades. Two dagger production phases are known in Touraine. The earliest occurs between 3,050 and 2,850 BC. The daggers are realized on avide, short blades (up te, 20-22 cm) produced from NaCAL tores and finished with pressure retouch. The circulation of these objects becomes extraregional. Môst of these early daggers are found in burials in an unused state. During the second "classic" phase, dated te, between 2,850 and 2,450 BC, daggers are realized on blades originating from "livre de beurre" tores, and measure between 25 and 34 cm. The production includes several sub-products such as notched saws and flakes. Their circulation extends from northern Germany to the Alps and Pyrenees. The majority of these daggers are found in habitat sites, abandoned in an exhausted state. In burials, they are found in varied states, new or very used, whole or fragmented. Différent preparations are developed (polishing, oblique-parallel retouch). The reasons for the disappearance of Oint daggers at around 2,450 BC remains poorly understood.NANTERRE-BU PARIS10 (920502102) / SudocSudocFranceF