Depuis l'introduction des thérapies antirétrovirales efficaces, l'infection par le VIH n'est plus considérée comme une infection létale à court terme, mais comme une maladie chronique. Si le nombre de lymphocytes T CD4 représente un élément fondamental dans le suivi de l'infection par le VIH, le niveau d'activation immunitaire est un puissant facteur prédictif de progression vers le SIDA. Indépendamment de la charge virale, l'activation des lymphocytes T CD8, exprimant le CD38 et/ou le HLA/DR, est associée à la progression et au déclin des lymphocytes T CD4 chez les patients non traités ainsi quà un gain inférieur de lymphocytes T CD4 chez les patients traités. Dans la plupart des infections virales aiguës, l'activation du système immunitaire est une réponse normale et nécessaire à l'éradication des agents pathogènes. Sa chronicité au cours de l'infection par le VIH est aberrante et représente la caractéristique majeure qui la différencie du modèle d'infection non pathogène par le virus de l'immunodéficience simienne. Les principales causes de l'activation immunitaire sont le VIH, ses protéines libres circulantes, la translocation microbienne digestive secondaire à la déplétion des lymphocytes T CD4 muqueux, la réactivation des herpès virus latents et la co-infection avec le VHC. Sur le plan clinique, les conséquences de l'activation sur l'organisme sont nombreuses et participent aux comorbidités liées à l'inflammation chronique observées au cours du vieillissement. Ainsi, l'immunosénescence, l'athérosclérose accélérée, l'ostéoporose, les détériorations cognitives, et les néphropathies sont fréquentes chez les patients infectés par le VIH sous multithérapie efficace, dont le niveau d'activation immunitaire diminue sans se normaliser. Les thérapeutiques à visée anti-inflammatoire ont pour l'instant montré des bénéfices limités, mais semblent être une stratégie prometteuse pour l'optimisation de la prise en charge de ces patients.BORDEAUX2-BU Santé (330632101) / SudocSudocFranceF