Suivi à long terme des patients victimes d'un infarctus aigu du myocarde avec une stratégie préhospitalière de reperfusion coronaire

Abstract

Introduction La prise en charge préhospitalière constitue un atout majeur pour les patients victimes d un infarctus aigu du myocarde en France. Si le devenir à court terme de ces patients est connu, leur devenir à long terme, qu il s agisse de survie et de qualité de vie, a rarement été évalué. De même, la manière dont ces patients ont assimilé les informations médicales reçues (diagnostic, traitements et conseils en cas de réapparition de symptômes) est méconnue. Objectifs Etablir le devenir à long terme de patients victimes d un infarctus aigu du myocarde traité par fibrinolyse préhospitalière et/ou angioplastie primaire en Seine-Saint-Denis. Evaluer la restitution des informations médicales reçues par le patient. Matériels et méthodes Tous les patients pris en charge par le Samu 93 pour un infarctus aigu du myocarde traité par fibrinolyse préhospitalière ou angioplastie primaire ont été inclus prospectivement dans une étude ou un registre depuis 1998. Ces patients ont été directement contactés par téléphone entre janvier 2004 et juillet 2005. La mortalité et ses causes, les réhospitalisations et leurs causes, la classe NYHA ont été colligés. La connaissance du diagnostic et des traitements reçus (préhospitalier et hospitalier) ainsi que des conseils en cas de réapparition de symptômes ont été évalués. Résultats De Janvier 1998 à Juillet 2004, 976 patients ont été inclus dans l étude : 752 hommes (77%) et 223 femmes (23%) ; d âge médian: 57 ans (25ème-75ème percentiles: 50-70). 233 patients (25%) avaient été inclus dans une étude prospective randomisée avec signature d un consentement. 111 patients (11%) ont été perdus de vue. Ces patients différaient du reste de la population par leur âge (55 ans 46-67 vs 62 ans 51-73 ; p=0,0001) et le traitement reçu (21% fibrinolyse vs 37% ; p=0,001). 162 patients (19%) étaient décédés lors du contact. Les déterminants indépendants de la survie étaient l âge (OR : 0,96; IC : 0,95-0,98; p<0,0001) ; le fait d avoir été inclus dans une étude (OR : 2,03 ; IC : 1,17-3,03 ; p<0,0001) et un délai de prise en charge initiale inférieur à 2 heures 30 (OR : 1,51, IC : 1,03-2,23, p=0,04). Les décès survenaient essentiellement la première année (109). Les décès étaient essentiellement d origine cardiaque : 69 (63%) ou compliquaient un arrêt cardiaque préhospitalier : 17 (15%). Au delà de la première année les causes non cardiologique de décès devenaient majoritaires. 584 patients (59%) vivants ont été interrogés avec un suivi médian de 985 jours (413-1596). 233 patients (44%) étaient asymptomatiques (NYHA I) et 292 (56%) symptomatiques (137 NYHA II, 98 NYHA III, 57 NYHA IV). Les déterminants indépendants de la survie sans séquelles fonctionnelles étaient le sexe masculin (OR : 1,62 ; IC : 1,05-2,52 ; p=0,03) ; la non inclusion dans une étude (OR : 1,58 ; IC : 1,02-2,41 ; p= 0,04). 374 patients (59%) n avaient pas été réhospitalisés, 132 (23%) réhospitalisés 1 fois et 46 (8%) au moins 2 fois. Le nombre d hospitalisations n était pas significativement lié à la durée de suivi. 72% des hospitalisations avaient un motif cardiologique. 303 patients (52%) connaissaient le diagnostic et 252 (43%) les traitements donnés en préhospitalier. 353 patients (60%) connaissaient le diagnostic et 424 (73%) les traitements donnés à l hôpital. L inclusion dans une étude randomisée avec consentement signé ne modifiait pas la connaissance du diagnostic et du traitement. La connaissance du diagnostic et du traitement augmentait avec le niveau d étude. 169 patients (29%) déclaraient savoir devoir appeler le Samu en cas de récidive des symptômes. 464 patients (79%) disposaient d une ordonnance, 392 (67%) d un compte-rendu d hospitalisation et 406 (69%) d un électrocardiogramme. Conclusion Le suivi de 976 patients sur 7 ans a mis en évidence une mortalité élevée qui prédominait très nettement pendant les premiers mois. Les décès de cause cardiologique diminuaient progressivement pour devenir minoritaires au delà de la première année. L inclusion dans une étude était associée à une réduction de mortalité. La qualité de vie des patients était globalement satisfaisante. Les diagnostics et les traitements étaient très mal connus par les patients. Le niveau d étude était le déterminant de la restitution de cette information. L accessibilité aux éléments du dossier médical était faible. La connaissance de la conduite à tenir en cas de récidive des symptômes était mauvaise.PARIS13-BU Serge Lebovici (930082101) / SudocSudocFranceF

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