Depuis 2 ans, le service de chirurgie maxillo-faciale du CHU de Clermont-Ferrand rencontre une forte recrudescence des cas de cellulites dentaires. Elle s'accompagne d'une augmentation des cas graves avec extension cervico-faciale et mise en jeu du pronostic vital ; imposant une trachéotomie en urgence, un séjour en réanimation et des drainages itératifs. Face à cette situation non standardisée, nous avons cherché à identifier des facteurs prédictifs de gravité pour mieux appréhender les patients à risque. Nous avons réalisé une étude rétrospective sur 7 ans (2004-2010) incluant 408 cas de cellulites dentaires chirurgicales, se divisant en 2 axes : un rapport rétrospectif avec description de l'épidémiologie globale, une étude statistique des facteurs exposant aux risques de reprises chirurgicales, de réanimation ou de trachéotomie. L'incidence des cellulites dentaires dans notre service a quasiment doublée en 2009 et 2010 par rapport aux 5 années précédentes avec 69% des cas de réanimation et 77% des patients trachéotomisés portant sur ces 2 années. Nous avons pu identifier trois catégories de facteurs de risques, certains avec des associations très significatives en termes de risque relatif de complications : ceux liés au malade notamment l'alcool, les pathologies immunosuppressives et psychiatriques ; ceux liés à l'infection elle-même : la dent causale (molaires mandibulaires), un taux de CRP > 150 mg/l, le stade et la diffusion de l'infection avec utilisation d'un score de sévérité ; ceux liés au parcours de soins avant notre prise en charge : la durée d'évolution, la multiplicité des consultations avant l'arrivée dans le service et la prise d'anti-inflammatoires. L'identification et la connaissance de facteurs prédictifs de gravité détectables dès la prise en charge initiale nous paraissent essentielles à tout chirurgien maxillo-facial pour gérer au mieux le risque vital tant sur les voies aériennes supérieures que sur le plan septique. Ceux liés au parcours de soins (errance diagnostique et thérapeutique) semblent accessibles à la prévention et nourrissent le débat sur l'utilisation des anti-inflammatoires dans cette pathologie.CLERMONT FD-BCIU-Santé (631132104) / SudocSudocFranceF