Les allogreffes artérielles cryopréservées représentent une alternative au matériel prothétique ou autologue dans la reconstruction aortique en cas d'infection native ou prothétique, mais les résultats restent discutables. L'objectif de cette étude est d'évaluer à court et moyen terme le recours aux allogreffes cryopréservées en situation aortique. Tous les patients ayant présenté, entre septembre 2004 et juin 2012, une infection aortique native ou prothétique pour laquelle une implantation in-situ d'une allogreffe artérielle a eu lieu, ont été identifiés à partir d'une base de données locale prospectivement constituée. Les données concernant la population, l'indication opératoire, les événements péri-opératoires, la bactériologie, le protocole de cryopréservation et le suivi ont été analysées. Les greffons ont été prélevés chez un donneur en état de mort encéphalique et congelés à - 150C ou à -80C. 54 patients ont été traités par une reconstruction aortique in-situ utilisant une allogreffe artérielle cryopréservée. L'âge moyen était de 66,2 ans (40-83). L'indication reposait sur une infection native chez 16 patients, prothétique chez 37 patients, dont 7 présentaient une fistule aorto-digestive. 12 reconstructions aortiques (22,2%) ont eu lieu dans un contexte d'urgence. Les germes ont été identifiés sur un échantillon peropératoire chez 66,6% des patients, et formaient un spectre large où prédomine le Staphylococcus Aureus (34,4%). La mortalité post-opératoire précoce était de 27,8%, et le taux de complications significatives précoces de 51,8%. Les complications liées au greffon (thrombose, rupture) sont survenues chez 18,5 % des patients. Pendant le suivi ont été observées 2 rechutes infectieuses, et une occlusion de jambage d'allogreffe. Le taux de ré-intervention précoce était de 35,2%, et global de 38,8%. En analyse multivariée, cinq facteurs indépendants étaient prédictifs de décès post-opératoire : l âge > 65 years (p=0.001), l insuffisance rénale chronique (p=0.001), l infection prothétique (p=0.02), les procédures en urgence (p=0.03), et la coronaropathie (p=0,045)La reconstruction aortique par allogreffe cryopréservée s'accompagne d'un taux de mortalité précoce et de complications liées au greffon non négligeables. Ces résultats restent cependant multifactoriels, comparables aux techniques alternatives, et nécessitent une attention particulière quant au comportement précoce du greffon.PARIS6-Bibl.Pitié-Salpêtrie (751132101) / SudocSudocFranceF