C'est dans un nouveau champ idéologique, fortement modelé par la crise économique mexicaine des années 1980 et plus particulièrement par la crise de production de l'henequen (sisal), que s'élaborent les comportements reproductifs de la population rurale du Yucatan au Mexique. La formalisation d'une demande de moyens anticonceptionnels a été possible dès lors que s'est établie une médicalisation de la procréation grâce au relais idéologique et infrastructurel des institutions de santé publique. Leurs agents à travers le contrôle croissant de la grossesse et de l'accouchement ont pu diffuser les normes biomédicales de la procréation définies par le Programme de Planification Familiale (PPF). De plus par ce canal, en reprenant le discours des femmes sur la détérioration de l'économie domestique pour légitimer la planification familiale, ils font de celles-ci les dépositaires de nouvelles valeurs familiales. Par conséquent, on assiste progressivement à un déplacement des instances et des acteurs institutionnels dans le processus décisionnel en matière de constitution de la descendance, et plus particulièrement en matière de contraception. Toutefois dès lors que l'espace de décision des femmes reste circonscrit par les médecins au détriment des maris, peu nombreuses sont celles qui ont une trajectoire reproductive réellement maîtrisée. Aussi dans le domaine de la planification familiale, les difficultés psychologiques, les conflits dans la famille et les échecs auxquels sont confrontées les femmes devraient inciter les instances politiques à mettre en place des actions de formation en direction des hommes : médecins et maris. (Résumé d'auteur
