Cet article se penche sur les relations changeantes entre la société locale et l'Etat dans la Corne de l'Afrique. L'impact du processus de mondialisation politique et économique qui se répercute également, inexorablement, sur les sociétés africaines transforme les conceptions et l'usage qui est fait de l'ethnicité, de l'identité de groupe et de la violence. On tente de distinguer trois niveaux d'interaction entre le niveau local et celui de l'Etat. Pour traiter du premier niveau, on décrit les évolutions qui se sont produites au sein d'une société agropastorale du sud de l'Ethiopie, les Suris, exemple typique d'une société locale transformée par la mondialisation. On s'aperçoit qu'à cause de leur insertion dans des interactions plus larges au niveau régional et national, la violence qui était intégrée dans la culture est redéfinié, qu'elle n'est plus ritualisée et qu'elle devient plus instrumentale. L'argumentation du deuxième et du troisième niveaux se concentre sur l'étude de l'évolution du cadre de la violence politique (de l'Etat) en Ethiopie et en Somalie. Les violences des groupes politiques et de l'Etat étaient étroitement liées à l'échec du projet de la modernisation des deux pays. Cependant, ces derniers sont très différents des point de vue des bases sociales et régionales sur lesquelles ils forment leur identité et se mobilisent politiquement. La recherche de l'impact social de la mondialisation économique et sociopolitique nous montre ainsi l'importance croissante des réponses violentes en tant que force de résistance et, de ce fait, constitue un sujet qui est loin d'être étudié en profondeur par les sociologues. (Résumé d'auteur