Les études de l’impact des IFRS sur la qualité de l’information financière
produite pas les entreprises aboutissent à des résultats divergents. Certaines
constatent que les IFRS en améliorent la qualité. D’autres considèrent que
les IFRS offrent une trop grande latitude aux gestionnaires, ce qui menace la
qualité de l’information. Ces divergences sont en partie dues à un problème
d’endogénéité où il est difficile de distinguer si la qualité de l’information
dépend des normes elles-mêmes, de la façon dont elles sont appliquées ou
de l’environnement institutionnel de gouvernance des entreprises. Depuis
l’adoption quasi-universelle des IFRS, les normes comptables sont en théorie
uniformes d’un pays à l’autre et indépendantes des systèmes institutionnels
nationaux. Cette étude tire parti du plan quasi-expérimental qu’offre ce
contexte pour distinguer l’impact des systèmes légaux et politiques, jusque-là
considérés comme principaux facteurs de qualité, de l’impact de la mise en
application des normes comptables sur la fiabilité de l’information financièredes entreprises. Elle porte sur un échantillon de 4,807 sociétés cotées dans
30 pays, qui ont adopté les IFRS de façon obligatoire durant la période
2005-2008. Nos résultats montrent que, lorsque les normes comptables sont
uniformes et exogènes aux institutions nationales, la qualité de l’information
financière, telle que mesurée par la gestion des résultats, n’est pas influencée
par les institutions légales et politiques comme le niveau de protection des
investisseurs, la qualité de la gouvernance d’entreprise, l’interventionnisme
politique dans l’économie et le développement du marché des capitaux.
Cependant, la richesse de l’environnement informationnel tel que mesurée
par l’importance des médias et le suivi des analystes est significativement
associée à la fiabilité de l’information. Finalement, une fois les IFRS adoptés,
la façon dont les entreprises les appliquent est le principal facteur de qualité
de l’information financière publiée par les entreprises