La problématique de l'identité des personnes déplacées d'une culture vers une autre se trouve au centre de cette étude. Les migrants, libres ou forcés, emmènent avec eux leurs pratiques culturelles diverses : la langue, les coutumes, les habitudes, leurs manières de faire, leurs manières d'être et de penser, leurs rituels dansés. Que se passe-t-il dans cette situation d'évolution en dehors du contexte originel qui donne sens et signification ?
Les résultats présentés sont le fruit d'un long travail de terrain effectué au sein de la communauté de Barundi de Belgique, combinant observations, participation observante et entretiens semi-directifs.
Au Burundi, les rituels dansés rythment la vie quotidienne ; ils sont " labeur, ré-jouissance, convivialité et fête communautaire ". Cependant, la danse est perçue comme " subalterne " dans la vie -du moins pour la plupart des Barundi instruits.
A l'étranger, les migrants utilisent la culture d'origine pour gérer des conflits identitaires qu'ils vivent. Ils dansent pour retrouver leurs racines, combler un vide nostalgique, se ré-identifier ; ils dansent pour contribuer à la culture de la différence et préparer la jeunesse à intégrer la société de la multi-appartenance. Ils dansent pour oublier momentanément les contradictions que suscite la situation de réfugié. L'activité aide à écouler des frustrations liées aux difficultés d'intégration socioprofessionnelle. La pratique des danses d'origine est une des réponses de la communauté immigrée et minoritaire au désir de se reconnaître elle-même et de se faire (re)connaître dans la société d'accueil.(EDPH 3)--UCL, 200