Nombre d’auteurs dans des courants très différents (de la sociologie aux sciences de gestion)
s’accordent à dire que l’entreprise connaît depuis quelques décennies une profonde mutation. Ainsi,
Michel Crozier (1994) parle d’une « révolution conceptuelle » qui place la gestion des ressources
humaines au sommet des priorités du manager. La société change et le management semble devoir
évoluer vers une gestion de la performance par la promotion de l’excellence.
Ces analyses vont dans le sens d’une préoccupation plus grande de l’entreprise pour l’individu en tant
que ressource et discutent du rôle devenu primordial de l’implication des individus dans les objectifs
de l’organisation tout en insistant paradoxalement sur sa nécessaire flexibilité. Ce management
s’appuie donc plus que jamais sur un effort de communication, non plus des règles, mais des
orientations économiques et philosophiques de l’organisation. Le marketing de l’entreprise auprès de
ses composantes humaines semble ainsi devenir un enjeu pour le manager.
Parallèlement à cette évolution, le positionnement des entreprises par rapport à la société a connu une
évolution progressive vers une plus grande intégration des problèmes échappant à la seule sphère
économique comme : la protection de l’environnement, le développement, le droit du travail et la
participation à la résolution de problèmes sociaux. Si l’accumulation du capital est encore bien ce que
l’on attend des entreprises et industries, elle ne constitue plus une fin justifiant tous les moyens.
Nous nous interrogeons dans ce texte sur les relations possibles entre ces deux évolutions. Notre
hypothèse générale est que les contraintes imposées par l’environnement social sont utilisées par le
management dans le but de satisfaire à l’exigence de mobilisation des ressources humaines de
l’entreprise. Cette interrogation prend pour nous tout son sens lorsque nous la replaçons dans le
contexte actuel d’intensification de la concurrence et d’un besoin de mobilisation de ces composantes
humaines à des fins clairement identifiées.
Nous déclinerons cette hypothèse en différentes sous-questions qui sont l’amorce d’une recherche sur
les formes actuelles de communication interne et de management humain dans les organisations, et
afin d’apporter des pistes de solution aux questions de recherche posées, nous procéderons dans un
avenir proche, à plusieurs analyses de cas au sein d’entreprises sélectionnées en fonction du critère de
citoyenneté