Retourner au Sénégal et en RD Congo : choix et contraintes au coeur des trajectoires de vie des migrants

Abstract

Over the past decade, return migration has generated increasing public and policy attention. It is often believed that African migrants travel one-way to Europe and never return home. Policy makers think that it is necessary to encourage and to force migrants to return. However, because of the dearth of data, the return of African migrants to their origin country remains poorly understood. Using a mixed methods approach, this research consists in a comparative analysis of Senegalese and Congolese migrants’ return migration from Europe to their origin country. Building upon existing theories, a new conceptual framework is developed, encompassing three phenomena related to return migration at different stages of the migrant’s life history: the initial intention to return, the return and the reintegration process in the origin country after having returned. This framework highlights the role of migrants’ projections about their potential reintegration for return as well as the importance of the circumstances of return for reintegration. It also emphasizes the importance of the context in origin and destination countries. The quantitative data for this study comes from the Migration between Africa and Europe (MAFE) project, which collected life-histories of migrants and return migrants in origin and destination countries. The findings are interpreted in the light of qualitative analyses of nearly one hundred semi-structured interviews conducted with returnees in the regions of Dakar and Kinshasa. The results are consistent with the conceptual framework. It appears that the intention to return and the return are influenced by the motive for migration, by their family location, but also by the contexts both in origin and destination countries. Context in origin countries has an effect on migrants’ strategies regarding return to their origin country. Migrants are less likely to intend to return at the beginning of their migration when the conditions in their home country are deteriorating, which is especially the case in DR Congo after 1990. Similarly, migrants are less likely to return when the situation in their country is becoming more difficult. Context in destination countries also plays an important role for the intention and the realisation to return. Given the restrictive immigration policies, migrants know that it will be difficult to migrate again if they chose to return and if their reintegration process is problematic. The research reveals that the hardest it is to migrate to Europe and the less migrants intend to return and do return. Besides, preparation of return plays a key role for the decision to return and the reintegration after the return. Migrants who prepared their return have higher chances to return, and those who were forced to return are more likely to leave their origin country again to migrate to Europe.Depuis la dernière décennie, la question du retour des migrants a de plus en plus attiré l’attention de l’opinion publique et du monde politique. Les migrations africaines sont souvent perçues comme n’ayant lieu qu’à sens unique vers l’Europe, comme si les migrants ne retournaient pas dans leur pays d’origine. Selon les décideurs politiques, il est nécessaire d’encourager et de contraindre les migrants à retourner, et ils mettent en place des dispositifs dans ce sens. Cependant, du fait du manque de données, la question du retour des migrants africains est largement méconnue. Adoptant une méthodologie mixte, cette recherche consiste en une analyse comparative de la question du retour pour les Sénégalais et les Congolais qui ont migré en Europe. A partir de théories existantes, un nouveau cadre conceptuel est élaboré, englobant trois phénomènes liés à la question du retour qui se situent à différents moments dans la trajectoire de vie des migrants : l’intention initiale de retour, la réalisation du retour et la réinsertion dans le pays d’origine après le retour. Ce cadre conceptuel souligne le rôle de l’anticipation de la réinsertion dans le pays d’origine pour la décision du retour ainsi que l’importance des circonstances du retour pour la réinsertion. Il insiste également sur le rôle du contexte dans les pays d’origine et de destination. Les données quantitatives qui sont mobilisées pour cette étude proviennent du projet « Migration between Africa and Europe » (MAFE), qui a collecté des données sur les histoires de vie de migrants et de migrants de retour dans les pays d’origine et de destination. Les résultats sont interprétés à la lueur de l’analyse qualitative de près d’une centaine d’entretiens semi-directifs réalisés avec des migrants de retour dans les régions de Dakar et de Kinshasa. Les résultats sont en adéquation avec le cadre conceptuel. Il apparaît que l’intention de retour et le retour sont influencés par le motif de la migration, par la situation familiale des individus, mais aussi par les contextes dans les pays d’origine et de destination. Le contexte prévalant dans les pays d’origine a un effet sur les stratégies des migrants vis-à-vis du retour. Les individus sont initialement moins susceptibles d’envisager un retour lorsque les conditions dans leur pays d’origine se détériorent, ce qui est particulièrement le cas en RD Congo à partir des années 1990. De même, dans les faits, les retours des migrants sont moins fréquents lorsque la situation dans leur pays d’origine se dégrade. Le contexte dans les pays de destination joue aussi un rôle important pour l’intention et la réalisation des retours. Avec la mise en place de politiques migratoires de plus en plus restrictives, les migrants retournent moins car ils savent qu’il leur sera difficile de migrer à nouveau par la suite s’ils font le choix de retourner et qu’ils éprouvent des difficultés pour se réinsérer. La recherche révèle que plus il est difficile de migrer en Europe, moins les migrants ont l’intention de retourner et moins ils effectuent un retour. En outre, la préparation du retour joue un rôle clé pour la décision du retour et la réinsertion. Les migrants qui ont préparé leur retour ont des chances plus importantes de retourner, et ceux qui ont été contraints de retourner sont les plus susceptibles de quitter à nouveau leur pays d’origine pour migrer en Europe.(POLS - Sciences politiques et sociales) -- UCL, 201

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