Ruptures biographiques et écriture du fantastique dans L'affaire Charles Dexter Ward de Howard P. Lovecraft

Abstract

Ce chapitre prend pour objet l’écriture réaliste-fantastique d’Howard Phillips Lovecraft, qu’il cherche à expliquer par la biographie de l’auteur. La théorie implicite comme la pratique de l’écriture fantastique de Lovecraft, ainsi que la vision du monde social qui est déployée dans ses œuvres les plus réalistes, procèdent d’une double rupture entre la socialisation économique et culturelle de l’auteur d’une part, et sa position sociale objective, caractérisée par son manque de capitaux scolaires et économiques d’autre part. Elle est le produit d’un échec des stratégies familiales de reconversion (Bourdieu et al., 1973) d’un capital économique rapidement constitué, puis perdu par sa famille, en capital culturel et scolaire. Pour étayer cette thèse, ce chapitre se concentre sur le plus réaliste des romans de Lovecraft, L’affaire Charles Dexter Ward. Il est introduit par une présentation croisée du roman et de la biographie de l’auteur. La vision du monde social déployée dans ce roman a pour caractéristiques principales d’accorder une importance considérable au capital culturel et à l’origine ethnique dans la détermination des hiérarchies sociales en minimisant à l’inverse le poids du capital économique comme celui des institutions, en particulier scolaires et scientifiques. Le chapitre se poursuit donc par une analyse de la place cognitive et politique de la culture dans l’écriture du fantastique, des liens qui s’établissent entre ethnicité, sorcellerie et généalogie, et enfin de l’oubli de la sphère économique

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