L’expérience subjective de la psychose : récits et trajectoires de jeunes d’Auberges du coeur

Abstract

La conceptualisation du phénomène de psychose et les façons de s’en «rétablir» sont fortement influencées par le modèle biomédical. Or, d’autres perspectives existent et sont pertinentes pour développer une compréhension plus aiguisée et critique de l’expérience de la psychose. On peut notamment penser à la phénoménologie, les approches basées sur le savoir expérientiel et les approches alternatives en santé mentale. Afin d’explorer un phénomène peu étudié empiriquement et d’offrir un espace de parole à des personnes marginalisées, ce mémoire illustre qu’une pluralité de discours et d’approches relativement à la psychose existe, mais que peu d’espace est accordé à la subjectivité et à la souffrance. La question guidant la démarche est la suivante : Quel sens et quelles significations les jeunes adultes hébergés en Auberge du coeur et ayant un suivi dans une clinique Premier épisode psychotique (PEP) donnent-ils à l’expérience de la psychose? À cet égard, quelle est la place de différents discours sur la psychose dans leurs récits? Une démarche qualitative a été privilégiée pour mener cette démarche. Six jeunes adultes ayant vécu une expérience de psychose ainsi qu’une expérience d’itinérance ont été rencontrés. Les entrevues s’intéressaient au parcours des jeunes, à leurs visions du monde et à leurs perceptions de différents services reçus durant leur parcours. Adoptant un cadre conceptuel fluide et pluriel, différentes perspectives ont été utilisées pour analyser les résultats. Entre autres, des écrits s’intéressant à la subjectivité et aux expériences ont été utilisés, ainsi que ceux s’intéressant à la conceptualisation de la souffrance. Les analyses ont mis en lumière que les parcours des jeunes sont caractérisés par de l’adversité et des traumas, ainsi que de détresse psychologique. Également, leurs récits illustrent que la psychose est une expérience difficile à saisir et verbaliser. Le réductionnisme de l’approche biomédicale est fort, et cela se traduit notamment par une difficulté à offrir des espaces pour accueillir la souffrance des jeunes relativement à leurs expériences de psychose.The conception of psychosis and its recovery are mostly influenced by biomedical models of mental illness. Other perspectives exist and are useful to understand the experience of psychosis, in a more global and critique way. The phenomenology, the experiential approach and alternative approaches are interesting and useful to increase our knowledge on psychosis experience. This project has the purpose to explore a phenomenon which is not so known in the research community, as well as giving a space to young adults to talk about their experience of psychosis. We found that even though many approaches are interested in the experience of psychosis, there are not so many spaces to talk about the suffering that comes with that experience. The question that guided the research was: What is the meaning and the significations of psychosis for young adults that were living in an Auberge du Coeur, and receiving services from a Premier Épisode Psychotique (PEP) clinic? Also, what approaches of psychosis are part of their storytelling? To answer this question, a qualitative methodology was used. Six young adults that had experienced a psychosis and had been homeless were interviewed. We were interested in their lifepath, their vision of the world and their perception of different services they were in touch with. Many perspectives were developed so that the data analysis can be critique. We were interested in the concept of subjectivity, the knowledge about experiences and the concept of suffering. The analysis shown that all the participants experienced a lot of difficulties beside the psychosis experience, such as traumas and psychological distress. We also found that the psychosis experience is hard to get and hard to reach for them. It is especially hard to explain how it feels with words. In their storytelling, we see that the biomedical models are predominant. It seems like the participants were not able to find spaces to talk about the suffering that comes with psychosis experience, even though they receive help from community centers and public services

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