Représentations sociales des enseignants et pratiques pédagogiques en contexte d'inclusion des étudiants en situation de handicap non visible au collégial

Abstract

Au cours des quinze dernières années, le nombre d’étudiants présentant des troubles d’ordre neurologique ou des troubles de santé mentale admis au cégep a considérablement augmenté. La loi oblige les établissements d’enseignement à déployer des services afin que les étudiants qui bénéficient d’un diagnostic en bonne et due forme puissent poursuivre leurs études en toute équité. Cette situation relativement nouvelle interpelle les enseignants qui se voient confrontés à des défis pour lesquels ils ne sont pas nécessairement préparés. En effet, la formation spécifique en éducation n’est pas requise pour enseigner au collégial. De plus, les services actuellement offerts sont essentiellement orientés vers les étudiants et ne tiennent pas compte des besoins des enseignants. Pourtant, plusieurs recherches démontrent que le processus d’inclusion des étudiants en situation de handicap ne peut se réaliser sans la participation des enseignants (Lombardi, Murray et Dallas, 2013). La présente étude a été effectuée dans huit établissements d’enseignement collégial répartis sur le territoire québécois. Dans un premier temps, les enseignants ont été sondés sur leur degré d’accord avec des stratégies pédagogiques inspirées du modèle de la conception universelle pour l’enseignement (Scott, McGuire et Shaw, 2003). Dans un deuxième temps, des enseignants ont été recrutés parmi les répondants au sondage pour participer à une entrevue sur leur expérience d’enseignement en contexte d’inclusion d’étudiants présentant des déficiences non visibles comme des troubles de santé mentale, des troubles de langage, etc. L’analyse de ces entrevues a permis de dégager les représentations sociales que ces enseignants se créent de leur travail auprès d’étudiants aux profils diversifiés dont les caractéristiques peuvent être parfois atypiques. Les résultats des analyses statistiques indiquent que la formation en pédagogie, l’âge et le nombre d’années d’expérience sont des facteurs qui influencent l’ouverture à une approche pédagogique marquée par la flexibilité et l’ouverture à la diversité. L’analyse des représentations sociales a été menée dans le cadre de la théorie du noyau central (Abric, 1994). Effectuée à partir d’un échantillon théorique de dix-neuf entrevues, elle a permis de faire ressortir d’autres facteurs. Ainsi, les enseignants qui ont des perceptions positives à la fois des étudiants en situation de handicap et de leurs propres capacités à relever les défis de l’inclusion sont plus ouverts que leurs collègues aux propositions du sondage. Il en va de même des enseignants qui ont des valeurs d’ouverture, d’universalisme et de bienveillance. Enfin, les enseignants qui affichent des valeurs et des perceptions positives sont également ceux qui sont les plus enclins à utiliser des stratégies qui favorisent l’inclusion.Over the past 15 years, the number of CEGEP students with neurological disorders or mental health problems has increased dramatically. The law requires educational institutions to implement services in order for students diagnosed with a disability to pursue their studies with accommodations that are lawfully appointed to them. This relatively new situation has teachers contending with challenges for which they are not necessarily prepared. In fact, specific training in education is not required to teach college. Moreover, the services currently offered are essentially student-oriented and do not take into account the needs of teachers. However, several studies show that the process of inclusion of students with disabilities cannot be achieved without the participation of teachers (Lombardi, Murray & Dallas, 2013). This study was conducted in eight colleges across Quebec. First, teachers were surveyed on their degree of agreement with pedagogical strategies inspired by the Universal Design for Instruction framework (Scott, McGuire & Shaw, 2003). Second, teachers were recruited from the survey respondents to participate in an interview about their teaching experience in the context of the inclusion of students with non-visible disabilities such as mental health disorders, language disorders, etc. The analyses of these interviews revealed the social representations constructed by these teachers about their work with students who have diversified profiles and whose characteristics can sometimes be atypical. The results of the statistical analyses indicate that pedagogical training, age and years of experience are factors that influence openness to a pedagogical approach marked by flexibility and openness to diversity. The analysis of social representations was carried out within the framework of the Central Core Theory (Abric, 2003). Based on a theoretical sample of nineteen interviews, it other factors also emerged. Thus, teachers who have positive perceptions of both students with disabilities and their own abilities to face the challenges of inclusion are more open to the survey proposals than their colleagues. The same is true of teachers who have values of openness, universalism and benevolence. Finally, teachers who display positive values and perceptions are also those most likely to use strategies that promote inclusion

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