Réparations en droits de la personne et en droit international humanitaire : problèmes et perspectives pour les victimes en République démocratique du Congo
Après avoir été longtemps écartée de sa propre affaire devant la justice pénale
internationale, la victime de violation des droits de la personne et/ou du droit international
humanitaire est aujourd’hui reconnue tant devant les juridictions pénales internationales que
devant celles internes de nombreux États. Peut-on aujourd’hui considérer, en application du
Statut de Rome de la Cour pénale internationale, à travers la participation de plusieurs
victimes et l’allocation des mesures de réparation en leur faveur, que le débat sur la
reconnaissance du statut de la victime et sur le droit à réparation est terminé ? En effet, en
dépit des instruments juridiques internationaux qui existent sur les droits de la personne, la
question de réparation des victimes de violation de ces derniers n’est jamais totalement
résolue au sein des États. Chaque État organise, selon ses propres lois et sa propre
jurisprudence, la manière acceptable de protéger les victimes contre les violations des droits
consacrés par ces instruments juridiques et intègre ceux-ci dans son arsenal juridique interne.
Seulement, leur mise en œuvre dépend de la capacité et de la volonté de chacun des États.
En ce qui concerne particulièrement la République démocratique du Congo,
depuis son indépendance, plusieurs personnes sont victimes directes ou indirectes de
violations des droits de la personne. Celles-ci sont dues notamment aux guerres civiles, à
l’installation d’un régime politique dictatorial pendant 32 ans et aux tensions politiques pour
l’instauration de la démocratie. Bien que nombreux instruments juridiques internationaux
aient été ratifiés et des lois internes d’intégration de ces instruments aient été adoptées et
promulguées, les victimes n’ont pas bénéficié des réparations pour les préjudices subis à
cause de ces violations. Cette non mise en œuvre effective des instruments juridiques
internationaux et des lois nationales place l’État congolais parmi les États violateurs des droits
de la personne et du droit international humanitaire. Toutefois, il faut reconnaître que la RDC
est un État en voie de développement, un des pays les plus pauvres au monde, non à cause de
ses potentialités mais à cause de l’instabilité politique qui y règne depuis son accession à
l’indépendance.
Bien qu’il existe en son sein des juridictions ordinaires et militaires compétentes
pour juger les cas de violations des droits de la personne et/ou du droit international
humanitaire, la défaillance de l’État congolais et de celle de ses institutions judiciaires
démontre son incapacité à assurer aux victimes les garanties nécessaires de leurs droits.
Malgré la reconnaissance juridique du statut de la victime, l’État congolais éprouve des
difficultés pour mettre en œuvre les normes internationales et les différentes recommandations
des Nations Unies sur le droit à réparation des victimes. Ces difficultés proviennent de
différents problèmes liés respectivement au mauvais fonctionnement de l’appareil judiciaire
devant statuer sur les réparations, auquel il faut ajouter la difficile accessibilité à la justice par
les victimes, depuis la voie d’entrée jusqu’à celle de sortie judiciaire ; à la non adaptation des
normes nationales à celles internationales, particulièrement sur le droit à réparation ; au
déséquilibre entre la partie poursuivie ou celle obligée à réparer et la victime et au nombre de
victimes devant accéder aux réparations eu égard au budget de l’État et aux capacités
matérielles et humaines insuffisantes.
Après avoir fait le constat de l’échec des mécanismes de justice transitionnelle
mis en place après les guerres de 1996 et de 1998, la présente recherche privilégie la mise en
œuvre d’autres mécanismes juridiques et institutionnels internes capables de répondre aux
besoins des victimes. Les mécanismes privilégiés sont capables de s’adapter face au nombre
des victimes, à la capacité d’établir des responsabilités et à la capacité financière de l’État.The victim of violations of human rights and / or international humanitarian law
has long been excluded from its own case before the international criminal justice system and
is now recognized both in international and many national criminal jurisdictions. Now, the
question becomes: ‘can it be considered that the debate on the recognition of the victim`s
status as well as the right to compensation under the current Rome Status system for victims’
participation and allocation of compensation to them is now over?’. Indeed, despite the
existing international legal instruments on human rights, the issue of reparations for victims of
violations of human rights has never been fully resolved within States practice. Each State
shall, in accordance with its own laws and jurisprudence, organize an acceptable manner of
protecting victims from violations of the rights enshrined in those legal instruments and
incorporating them into its domestic legal arsenal. However, it must be said that their
implementation depends on each State capacity and will.
However, each State organizes, according to its own laws and jurisprudence, the
acceptable way of protecting victims from violations of the rights enshrined in those legal
instruments. Many States have ratified the latter, only their implementation depends on the
capacity and will of each State. With regard to the Democratic Republic of the Congo in
particular, since its independence, several people have been victims of human rights
violations due to civil wars, the dictatorial political regime set up from 1965 to 1997, various
political conflicts arising in the course of the instauration of democracy. Although several
international legal instruments have been ratified and a number of domestic laws have been
enacted to implement these instruments, victims have not benefited from reparations for the
harm suffered. This lack of implementation of these instruments and of the laws adopted in
favor of all these victims puts the Congolese State in the difficulty of responding to the real
and legitimate concerns of the latter, who nevertheless are expecting effective measures which
are favorable to them. However, it must be recognized that Congo is a developing country,
one of the poorest countries in the world, not because of its potential but because of the
political instability that has prevailed since it became independent.
If there are ordinary and military courts competent to try cases of violations of
human rights and / or international humanitarian law, its failure and that of its judicial
institutions in the implementation of compensation Victims stress their inability to provide the
necessary guarantees of their rights. In spite of the legal recognition of the victim's status, the
Congolese State still has difficulty in effectively implementing international standards and the
various United Nations recommendations on the right to reparation of victims. These
difficulties arise from four problems related respectively to (1) the inadequate functioning of
the judicial system to judge reparations, to which must be added difficult access to justice
(from the entrance to the judicial exit route); (2) the failure to adapt international standards to
national standards on reparations; (3) the imbalance between the party sought or the party to
be repaired and the victim, and (4) the number of victims who have access to reparations with
regard to the State budget and insufficient material and human capacities.
Assuming that the exercise of the victim's right to reparation includes access to
domestic and international judicial proceedings, the need for reparation stems from a general
principle of law that " An unlawful act must be compensated for the harmful consequences of
his act ". It is in this context that, in accordance with international legal instruments and
domestic laws on the protection of victims and their right to reparation, this research focuses
on the implementation of internal legal and institutional mechanisms capable of meeting the
needs of victims of violations Human rights and / or international humanitarian law. These
mechanisms are those that can adapt to the number of victims, the ability to establish
responsibilities and the financial resource of the state