thesis

L'évaluation du raisonnement clinique en physiothérapie

Abstract

Dans le contexte de l’enseignement universitaire en sciences de la santé, des changements importants se sont produits au cours des dernières décennies dans les programmes de formation professionnelle. Un de ces changements importants est le fait que ces programmes de formation professionnelle adoptent maintenant, pour la plupart, une approche par compétence. Parallèlement à ce changement de paradigme dans la formation, les professions de la santé considèrent de plus en plus le raisonnement clinique comme étant central à la compétence du clinicien et lui réservent une place plus importante dans la formation. Ces deux changements dans la formation en science de la santé ont entrainé des questionnements quant aux méthodes d’évaluations du raisonnement clinique dans un contexte d’approche par compétence. Une des réponses à ces questionnements a été l’émergence de tests permettant de poser un jugement sur le raisonnement clinique dans le domaine de la médecine. En effet, au cours des 20 dernières années, des outils tels que le test de concordance de script (TCS) et les problèmes de raisonnement clinique (PRC) ont été développés et ont fait l’objet de plusieurs études dans les différentes spécialités de la médecine principalement. Bien que la physiothérapie partage plusieurs caractéristiques avec le domaine de la médecine, elle possède aussi plusieurs différences. En ce sens, il était pertinent de se questionner sur l’applicabilité de ces outils dans le contexte spécifique de la physiothérapie. Afin de collecter des données, des versions de ces tests ont été développées selon une table de spécification d’un cours du programme de physiothérapie de l’Université de Sherbrooke et ont été administrées à 93 étudiants volontaires des cohortes de deuxième, troisième et quatrième année du programme. Selon la procédure d’attribution des scores de ces tests, un panel d’experts (n=19) dans le domaine a aussi répondu aux items. Les résultats obtenus nous indiquent que les scores du TCS permettent de discerner des différences significatives entre les étudiants novices (2e année) et les étudiants finissants de 4e année du programme de physiothérapie, et ce, avec une taille d’effet importante (Cohen d =0,85). Par contre, il n’existe pas de différence significative entre le score moyen de la cohorte de 3e année et celui des deux autres cohortes à ce test. Des différences significatives ont été notées entre les scores du panel d’experts et celui des trois cohortes d’étudiants. Du côté des résultats aux PRC, les scores à ce test ne nous permettent pas de distinguer le niveau de développement de raisonnement clinique des étudiants en physiothérapie entre les différentes années de formation. Par contre, tout comme avec le TCS, des différences significatives ont été notées entre les scores du panel d’experts et celui des trois cohortes d’étudiants. De plus, nous avons analysé et catégorisé les 183 formulaires de stage des étudiants ayant participé à l’étude. Ces formulaires ont été catégorisés selon les observations au niveau du raisonnement clinique effectuées par les superviseurs de stage. Les résultats de cette partie de l’étude nous suggèrent que les scores des PRC sont discriminants en fonction des résultats de stage pour les différentes catégories de résultats. Du côté des scores au TCS, les étudiants ayant eu des difficultés de raisonnement clinique en stage se démarquent aussi par des scores plus faibles au TCS. Conséquemment, il est possible que ces outils puissent également permettre de dépister des étudiants ayant des difficultés de raisonnement clinique et pouvant bénéficier d’une remédiation à ce niveau. Par contre, en tenant compte de ces résultats encourageants, mais aussi du peu d’étudiants ayant eu des difficultés de raisonnement clinique en stage dans cette recherche, il sera nécessaire de confirmer ce rôle de dépistage possible avec une étude de plus grande envergure.Major changes have occurred in the last few decades in teaching the health sciences at the university level in professional training programs. One of these major changes is that most professional training programs have now adopted a competency-based approach. At the same time that this change in training paradigm was occurring, health professions were increasingly considering clinical reasoning as being at the core of clinician competency and were granting it increasing importance in their programs. These two changes in health-science training put into question the methods for assessing clinical reasoning in a competency-based approach. One of the responses to this questioning was the emergence of tests to assess clinical reasoning in the field of medicine. Indeed, over the last 20 years, instruments such as the script concordance test (SCT) and clinical reasoning problems (CRPs) were developed and have been studied primarily in the various medical specialties. While physiotherapy and medicine share a number of characteristics, they also have several differences. As a result, the appropriateness of using these tools in the specific context of physiotherapy is an issue that should be explored. In an attempt to gather data, versions of these tests were developed using a table of specifications for a course in the physiotherapy program at the Université de Sherbrooke and were administered to 93 volunteer students from the second, third, and fourth year of the program. In accordance with the scoring procedure for these tests, a panel of experts in the field (n = 19) also responded to the items. The results obtained indicate that the SCT revealed significant differences between novice students (second year) and graduating students (fourth year) in the physiotherapy program with a significant effect size (Cohen d = 0.85). In contrast, there were no significant differences between the average score for third-year students and the other two cohorts. Significant differences were noted between the scores of the panel of experts and those of the students from the three cohorts. With respect to CRPs, the scores do not allow us to distinguish the level of clinical-reasoning development of physiotherapy students in the three years of training studied. On the other hand, as with the SCT, there were significant differences between the scores of the panel of experts and those of the students from the three cohorts. Moreover, we analyzed and categorized the 183 rotation forms of the students who participated in the study. These forms were categorized according to level of clinical reasoning based on the observations of rotation supervisors. The results of this part of the study suggest that the CRP scores were discriminating in terms of rotation results for the various categories of results. As for the SCT, the students who encountered difficulties with clinical reasoning during rotations also had the lowest SCT scores. Consequently, these tools may also be able to screen for students who have problems with clinical reasoning and could benefit from remedial assistance at this level. On the other hand, while these results are encouraging, the population sample of students with clinical-reasoning difficulties during rotations in this research was small. Therefore, the role of any possible screening requires confirmation through a broader study

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