Cette thèse de doctorat vise à répondre à une question qui a été largement négligée par la littérature sur les crises des régimes autoritaires : pourquoi les forces armées tolèrent-elles ou répriment-elles les mouvements d’opposition en faveur de changements du régime ? L’hypothèse principale stipule que l’attitude conciliante ou réfractaire des forces armées dépend de la nature des mesures adoptées par le régime autoritaire afin de s’assurer de leur loyauté et prévenir des coups d’État. Lorsque ces mesures de préventions des coups d’État contribuent à créer des divisons au sein de l’armée, les factions marginalisées sont enclines à tolérer les mouvements d’opposition, si ces derniers offrent une alternative crédible au régime, en raison de leur capacité à s’unir autour d’une plate-forme commune de revendications modérées, réalistes et acceptables pour les militaires. À l’inverse, lorsque les mesures de prévention des coups d’État favorisent la cohésion interne de l’armée et son attachement au régime, les militaires adoptent une attitude répressive à l’égard des forces contestataires.
Ces hypothèses sont vérifiées à l’aide d’une analyse comparative des différentes mesures de prévention des coups d’État adoptées par les régimes autoritaires du Bénin et du Togo et de leurs impacts sur le succès, dans le premier cas, et l’échec, dans le second cas, des mouvements d’opposition dans les deux pays, au début des années 1990. Cette analyse est effectuée à l’aide de deux approches méthodologiques : le traçage de processus ainsi que la comparaison de deux études de cas.This Ph.D. dissertation analyzes the factors that influence armed forces’ decisions to tolerate or suppress opposition movements demanding political reforms which could lead to regime change. This dissertation helps to fill a large gap in the literature as only a few scholars have attempted to explain military behaviour during regime crisis. It does so through an analysis of how anti-coup policies and opposition forces’ characteristics lead to the formation of marginalized military cliques and their potential support for regime change. It theorizes that the head of state’s survival strategy, specifically coup-proofing measures, influences military factions’ willingness to preserve the status quo. Reliance on loyalists leads to armed forces with a powerful core loyal to the incumbent regime and willing to use repression, while the strategy of counterbalancing leads to armed forces largely unattached to the maintenance of the regime. Under these circumstances, opposition forces can foster regime defection when they offer a viable alternative to the incumbent government, if the opposition can unify around a moderate platform that provides realist demands vis-à-vis regime forces.
The main argument, on the influence of divergent coup-proofing policies on military actions, is assessed through a comparison of Benin and Togo. In each state, authoritarian regimes responded to the challenge of opposition mobilization by initiating negotiation processes. Divergences in coup-prevention techniques and credible commitment capacity of the opposition explain why the opposition campaign in the beginning of the 1990s was successful in Benin but failed in Togo. This research is based on two methods: process-tracing and the comparative method