Certaines études récentes confirment que les tests de personnalité sont largement utilisés à des fins de sélection dans les organisations nord-américaines et que leur fréquence d’utilisation continue de croître (Boudrias, Pettersen, Longpré, & Plunier, 2008; Rothstein & Goffin, 2006). Or, les résultats des recherches portant sur le lien prévisionnel entre la personnalité et le rendement global au travail sont peu convaincants (Morgeson et al., 2007b; Murphy & Dzieweczynski, 2005). La présente thèse vise à vérifier si une amélioration des liens prédictifs entre la personnalité et le rendement au travail pourrait être obtenue en modifiant la façon d’opérationnaliser les variables prévisionnelles issues des inventaires de personnalité et en précisant les critères à prédire de manière à les rendre plus spécifiques et mieux arrimés.
Pour ce faire, la capacité prévisionnelle d’une approche centrée sur le critère, c’est-à-dire l’utilisation de composites de traits de personnalité, est comparée à l’approche traditionnelle centrée sur le prédicteur, dans ce cas-ci, les cinq grands facteurs de personnalité (Big Five). D’autre part, le rendement au travail est opérationnalisé sous l’angle des compétences en emploi, ce qui permet d’en différencier les dimensions et d’augmenter la spécificité des critères.
Des hypothèses précisant les facteurs de personnalité qui devraient permettre de prédire chacune des compétences évaluées sont testées. De plus, des hypothèses précisant les traits de personnalité servant à créer les variables composites sont aussi testées. Finalement, une hypothèse portant sur la comparaison de la puissance prévisionnelle des deux approches est mise à l’épreuve.
L’échantillon de la recherche est composé de 225 employés occupant divers emplois au sein d’une grande organisation québécoise. Ils ont complété un inventaire de personnalité au travail dans le cadre des processus de sélection de l’organisation. Leur supérieur immédiat a effectué une évaluation de leurs compétences et de leur rendement au moins six (6) mois après leur embauche.
Les résultats démontrent que la maîtrise des compétences est mieux prédite par une approche centrée sur le prédicteur (c’est-à-dire les Big Five) que par une approche centrée sur le critère (c’est-à-dire les variables composites). En effet, seules trois hypothèses portant sur le lien entre certains facteurs de personnalité et les compétences se sont avérées partiellement soutenues. Les résultats d’analyses statistiques supplémentaires, réalisées a posteriori afin de mieux comprendre les résultats, laissent supposer la présence de variables modératrices, dont, notamment, les caractéristiques situationnelles.
En somme, il nous semble plus probable d’arriver, dans le futur, à trouver une méthode structurée de création des variables composites qui permettrait d’obtenir des liens prévisionnels plus puissants que de découvrir des variables composites qui seraient elles-mêmes généralisables à tous les emplois et à toutes les organisations. Par ailleurs, nous encourageons les praticiens à porter attention à la façon d’utiliser les données de personnalité. Pour le moment, il semble que les facteurs de personnalité permettent de prédire, en partie, le rendement futur en emploi. Or, les preuves empiriques concernant l’efficacité d’autres approches demeurent relativement rares et, surtout, insuffisantes pour guider fidèlement les praticiens à travers les choix nécessaires à leur utilisation.Recent studies confirm that personality tests are widely used for selection in North American organizations and that their frequency of use continues to grow (Boudrias, Pettersen, Longpre & Plunier 2008; Rothstein & Goffin, 2006 ). However, research shows that the predictive relationship between personality and overall job performance is generally weak and that it remains similar to the initial results on the subject (Morgeson et al, 2007b;. Dzieweczynski & Murphy, 2005). This thesis aims to determine whether an improvement in the predictive relationship between personality and job performance could be achieved by modifying the way data obtained from personality inventories is used and by specifying the criteria to predict.
To do so, the predictive ability of an approach centered on the criterion, that is to say, the use of compound variables of personality, is compared with the traditional approach centered on the predictor, in this case, the five factors (Big five). Moreover, job performance is operationalized in terms of job competencies, which makes it possible to differentiate the criteria and to increase its specificity.
Hypotheses specifying the personality factors that should predict each competency are tested. In addition, hypotheses specifying the personality traits used to create the compound variables are also tested. Finally, a hypothesis comparing the predictive power of the two approaches is tested.
The sample consisted of 225 employees occupying various jobs in a large Quebec organization. These employees have completed a work-contextualized personality inventory through the selection process of the organization. Their immediate supervisor conducted an assessment of their competencies and of their performance at least six (6) months after being hired. Thus, the design of this research is predictive and the method used is based on a confirmatory strategy, which is similar to the normal practices of testing used by industrial and organizational psychologists.
Results indicate that the competencies are better predicted by a predictor-centered approach. Indeed, only three hypotheses pertaining to the relationship between personality factors and competencies proved partially supported. The results of additional statistical analyzes, performed in order to better understand the initial results, suggest the presence of moderating variables, including, in particular, the situational characteristics.
In conclusion, it seems, at this time, much more likely for researchers to find a structured method for creating compound variables that would provide stronger predictive relationship, than to discover new compound variables that would be predictive of performance in every job and every organization.
In addition, we encourage practitioners to pay attention to the way they use personality data. For the moment, it seems that personality factors predict, in part, future job performance. However, empirical evidence on the effectiveness of alternative approaches is relatively rare, and insufficient to accurately guide practitioners through the choice necessary for their use