Le premier objectif de cette étude était d’évaluer la relation entre l’alexithymie et différents troubles du sommeil chez des patients diagnostiqués (N= 580) selon la polysomnographie et la classification de l’American Academy of Sleep Medicine (AASM) et chez des sujets contrôle (N= 145) en utilisant l’Échelle d’Alexithymie de Toronto à 20 items (TAS-20). Le deuxième objectif était d’estimer le lien entre l’alexithymie et des caractéristiques de rêves suivant un Questionnaire sur les Rêves de 14 items.
Les résultats confirment un lien entre l’alexithymie et les troubles du sommeil. Sa prévalence était supérieure dans le groupe clinique comparativement au groupe contrôle, et était différente selon les troubles. Les hommes cotaient plus haut que les femmes à l’Échelle d’Alexithymie de Toronto à 20 items (TAS-20) et sur ses sous-échelles DDF (difficulty describing feeling) et EOT (externally oriented thinking). L’EOT pourrait être impliquée dans les troubles de sommeil en étant l’unique sous-échelle, où un effet principal des diagnostics était significatif dans le groupe clinique. Pour les rêves, le score du TAS-20 corrélait positivement avec le facteur « détresse des cauchemars »; et négativement avec « rappel de rêves » et « signification des rêves ». Les sous-échelles du TAS-20 avaient des corrélations différentes: positive entre DIF et « détresse des cauchemars », négative entre DDF et « rappel de rêves » et EOT avec « signification des rêves ». À part quelques exceptions, ces modèles sont obtenus pour les groupes cliniques et non-cliniques, et pour les hommes et les femmes dans ces deux groupes. Ces résultats suggèrent un modèle consistant, et reproductible, de relations entre l’alexithymie et les composantes des rêves.Using a large clinical group of patients suffering from sleep disorders (N= 580) and non-clinical comparison subjects (N= 145), the first aim of this study was to evaluate the relationship between alexithymia and several different sleep disorders diagnosed from polysomnography following the American Academy of Sleep Medicine classification system and using a Canadian French translation of the 20-item Toronto Alexithymia scale (TAS-20). The second objective was to evaluate the link between alexithymia and dream characteristics using a 14-item Dreaming Questionnaire.
Results confirm a relationship between alexithymia and sleep disorders. Its prevalence was higher in the clinical than the non-clinical group and differed according to sleep disorder diagnoses. Men scored higher than women on the TAS-20 total score and on the DDF (difficulty describing feeling) and EOT (externally oriented thinking) subscales. EOT could be implicated in sleep disorders pathology as it was the only subscale for which the sleep diagnosis effect was significant in the clinical group. Concerning the second objective, TAS-20 total score correlated positively with nightmare distress and negatively with dream recall; and correlated negatively with dream meaning. TAS-20 subscales were differentially correlated with the 3 dream factors of the Dreaming Questionnaire: DIF with increased nightmare distress, DDF with decreased dream recall and EOT with decreased dream meaning. With some exceptions, these patterns were obtained for clinical and non-clinical groups and for men and women. These results suggest a consistent and replicable pattern of relationships between alexithymia and dreaming components