Compétitions entre abeilles, l’émergence des ressources florales comme un bien commun ? : Analyse socio-écologique et accompagnement d'une action collective pour le partage des ressources florales pour concilier apiculture et préservation des abeilles sauvages dans le parc national des Cévennes

Abstract

In recent years, the issue of competition between bees for resources has become increasingly important in the scientific community. The foraging of nectar and pollen by honeybee colonies can lead to a reduction in the resources available to wild bees. These findings have given rise to intensedebate within the scientific and professional beekeeping communities. Some authors have suggested that honeybees should be excluded from protected areas in order to conserve wild bees, while others advocate more inclusive measures. However, limiting or even excluding honeybeeshas social implications for beekeepers that have been little studied. Given the environmental and social issues raised by the existence of competition, we believe it is relevant to consider the question of sharing floral resources through the lens of Elinor Ostrom's theory of the commons. Ostrom's research shows that commons-pool resources can be managed sustainably by communities of users through collective action. Viewing floral resources as a 'common good' would therefore pave the way for new forms of collaborative governance between the many stakeholders who use and modify them. In this thesis, we will therefore ask whether it is relevant to consider floral resources as common goods, and how this approach can provide a better understanding of the key issues involved in setting up collective action to share melliferous resources in a way that reconciles the conservation of wild bees with the maintenance of sustainable beekeeping. To answer this question, we will apply an approach combining social and ecological sciences in the Cévennes National Park. Beekeepers' perceptions of competition are complex, varied and evolving. While most beekeepersstress the major uncertainties underlying these processes of food competition, some are beginning to see them as a possibility. Moreover, the idea that these floral resources constitute a common good underpins a range of discourses and practices. However, there is currently no arena fordiscussing these different perceptions and potential approaches to achieving shared governance of floral resources. Our study of the foraging success of wild and domestic bees shows the existence of intra- (between honeybee colonies) and interspecific competition in the Cévennes. Our resultsshow that this competition is linked to the distance from apiaries. They thus provide the first evidence for the application of the apiary-influence-range concept in heterogeneous landscapes. However, this competition varies according to floral resources and year, which raises a number ofuncertainties. Finally, in order to understand and accompany the collective management of the sharing of floral resources, we set up an action research approach built around the serious game AGORAPI. Our results highlight the differences in representations that hinder the implementation of collective action. The construction of rules for collective action and a collective representation of a resource as a common good seem to have to be developed jointly. In line with Ostrom's work, our results confirm the importance of trust, transparency and reciprocity in the construction of collectiveaction and the emergence of a common good. The AGORAPI game showed potential for initiating reflection on this collective action. Participants of our game sessions suggested setting up a fullscale experiment in the area to build this trust and improve knowledge about floral resources andcompetition. However, our results also show the need for a global approach to resources, taking into account farming practices in particular.Ces dernières années, la question de la compétition entre les abeilles pour les ressources a pris de l’ampleur dans le champ scientifique. Le butinage de nectar et de pollen par les colonies d’abeilles domestiques des apiculteur·rices peut entraîner une diminution des ressources disponibles pour les abeilles sauvages. Ces résultats ont suscité d'intenses débats au sein des communautés scientifiques et professionnelles de l'apiculture. Certains auteurs ont suggéré que les abeilles domestiques devraient être exclues des zones protégées afin de préserver les abeilles sauvages, tandis que d'autres préconisent des mesures plus inclusives. Or, la limitation, voire l’exclusion, des abeilles domestiques a des implications sociales pour les apiculteur·rices qui restent peu étudiées. Face aux enjeux écologiques et sociaux soulevés par l’existence d’une compétition, nous pensons qu’il est pertinent de considérer la question du partage des ressources florales sous l’angle de la théorie des communs d’Elinor Ostrom. Les recherches d'Ostrom montrent que des ressources de type bien communs peuvent être gérées de manière durable par des communautés d'utilisateur·rices grâce à l’action collective. Considérer les ressources florales comme un "bien commun" ouvrirait donc la voie à de nouveaux modes de gouvernance collaborative entre les multiples acteur·rices qui les utilisent et les modifient. Dans cette thèse nous nous demanderons donc s’il est pertinent de considérer les ressources florales comme des biens communs, et en quoi cette approche permet de mieux comprendre les enjeux clefs pour la mise en place d’une action collective pour un partage des ressources mellifères conciliant la préservation des abeilles sauvages avec le maintien d’une apiculture durable. Pour répondre à cette question nous appliquerons une approche combinantsciences sociales et écologiques dans le parc national des Cévennes. Les perceptions des apiculteur·rices sur la compétition sont complexes, multiples et en évolution. Si la plupart des apiculteurs soulignent les fortes incertitudes qui sous-tendent ces processus de concurrence alimentaire, certains commencent à les envisager comme une possibilité. Par ailleurs, l'idée que ces ressources florales constituent un bien commun sous-tend une série de discours et de pratiques. Pourtant, il n'existe actuellement aucune arène pour discuter de ces différentes perceptions et des approches potentielles pour parvenir à une gouvernance partagée des ressources florales. Du point de vue écologique, notre analyse du succès de quête alimentaire des abeilles sauvages et domestiques montre l’existence de compétition intra (entre colonies d’abeilles) et interspécifique dans les Cévennes. Nos résultats montrent que ces compétitions sont liées à la distance aux ruchers. Ils constituent ainsi une première évidence de transposition du concept d'aire d'influence des ruchers dans des paysages hétérogènes. Cependant cette compétition varie selon les ressources florales et les années, ce qui soulève des incertitudes. Enfin, afin de comprendre et d’accompagner la mise en place d’une gestion collective du partage des ressources florales nous avons mis en place une démarche de recherche-action construite autour du jeu sérieux AGORAPI. Nos résultats soulignent les divergences de représentations qui freinent la mise en place d’action collective. La construction de règles d’action collective et d’une représentation collective d’une ressource comme un bien commun semblent avoir besoin de s’élaborer conjointement. En accord avec les travaux d’Ostrom, nos résultats confirment l’importance de la confiance, de la transparence et de la réciprocité dans la construction d’une action collective et dans l’émergence d’un bien commun

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