"Petite enfance et santé en Afrique". Une anthropologie des maladies infantiles locales face aux savoirs et pratiques endogènes de soin à Sangmélima (Cameroun)
How can we understand the need to use endogenous knowledge and care practices to prevent and treat local childhood illnesses among the Bulu of Sangmélima (southern Cameroon) ? This was the pivotal question that led me to this Bulu field in this thesis, which is part of the anthropology of health and childhood. With a view to exploring local childhood illnesses and the endogenous knowledge and practices of care dedicated to their prevention and treatment (among young children aged zero to five), the qualitative research strategy favoured an ethnography of detail, a mosaic approach, observations, interviews, life stories and focus groups to collect the data. This field study, conducted in both the vernacular (local language) and the vehicular language (French), focused on the rural area, the main focus for observing the interactions and roles of the various players involved in this endogenous childhood medicine, and the preventive and therapeutic mechanisms of these local childhood illnesses. Just as much as the childhood diseases known to biomedicine, these local childhood illnesses regularly threaten the health of children in this area. However, they are not included in the official statistics on infant and child mortality, because they are little known, and little considered by the region's public health programmes and policies. By focusing on their study, this thesis aims to highlight them; demonstrate the need for the added value of knowing about them on the basis of endogenous knowledge and practices of 'situated' care dedicated to their cure; calls out and enlightened public and social child health policies that still seem to ignore them. This work shows that two fundamental elements give meaning to the prevention, treatment or cure of these local childhood illnesses only through endogenous knowledge and practices. Firstly, the fact that they are part of the endogenous referents and conceptions of this population, making them shared social and cultural constructs; secondly, the fact that they are shared social and cultural constructs means that endogenous applied knowledge ─ considered by the Bulu as ancestral, more practical, closer to home and effective ─ should be able to diagnose and treat them, in the face of the Cameroonian biomedical care system, which is perceived here as inadequate and too little inaccessible on a daily basis in this context.Comment peut se comprendre la nécessité d'utiliser les savoirs et les pratiques endogènes de soins pour prévenir et traiter les maladies infantiles locales chez les Bulu de Sangmélima (sud-Cameroun) ? Telle a été la question charnière qui m’a conduit vers ce terrain bulu dans cette thèse qui s’inscrit dans l’anthropologie de la santé et celle de l’enfance. En vue d’explorer les maladies infantiles locales et les savoirs et pratiques endogènes de soins dédiés à leur prévention comme à leur traitement (auprès des jeunes enfants de zéro à cinq ans) la stratégie d'enquête qualitative a privilégié une ethnographie du détail, une approche mosaïque, des observations, entretiens, récits de vie et focus group pour collecter les données. Cette étude de terrain menée aussi bien en langue vernaculaire (langue locale) que véhiculaire (français) s'est concentrée sur la zone rurale, principal foyer d'observation des interactions et rôles des différents acteurs concernés par cette médecine infantile endogène, et des mécanismes préventifs et thérapeutiques de ces maladies infantiles locales. Tout autant que les maladies infantiles connues de la biomédecine, ces maladies infantiles locales menacent régulièrement la santé des enfants dans cette zone. Cependant, elles ne sont pas intégrées aux statistiques officielles des mortalités infantiles et infanto-juvéniles, car très peu connues et peu considérées par les programmes et les politiques de santé publique de la région. En se focalisant sur leur étude, cette thèse vise à les mettre en lumière ; démontre la nécessité de la plus-value de les connaître à partir des connaissances et des pratiques endogènes de soins « situés » dédiés à leur guérison ; interpelle et éclaire les politiques publiques et sociales de santé infantile qui semblent encore les ignorer. Ce travail montre que deux éléments fondamentaux donnent un sens à la prévention, au traitement ou à la guérison de ces maladies infantiles locales uniquement par les savoirs et pratiques endogènes. Premièrement, le fait qu’elles soient inscrites dans les référents et conceptions endogènes de cette population faisant d’elles des constructions sociales et culturelles partagées; deuxièmement, du fait d’être des constructions sociales et culturelles partagées induit que les savoirs appliqués endogènes ─ jugés ancestraux, plus pratiques, plus proches et efficaces par les Bulu ─ soient habilités à les diagnostiquer et à les prendre en charge, face au système de soin biomédical camerounais, ici perçu comme inadapté et trop peu accessible au quotidien dans ce contexte