L’interprétation dans les services publics s’est développée de manière empirique depuis les années 1970 en France. Le secteur peine à se professionnaliser, malgré l’amorce de plusieurs réflexions depuis les années 1990 et plusieurs tentatives de structuration du métier. L’absence de formation spécifique permettant l’accès au métier et l’augmentation exponentielle de la demande dans des langues pour la plupart rarement enseignées dans les universités contraignent à recourir largement à des interprètes insuffisamment formés. Notre étude montre que deux principaux facteurs influent sur le niveau de formation des interprètes : l’ancienneté dans le métier et la zone géographique où est parlée leur principale langue de travail, ce qui implique qu’il est nécessaire d’examiner la situation dans chaque langue lorsque l’on formule des préconisations en matière de professionnalisation. Les autres obstacles examinés sont les questions de viabilité économique et d’attractivité du métier, le manque de reconnaissance par les clients, la pression des marchés publics, les enjeux de pouvoir, les pratiques de contrôle d’accès aux droits et les facteurs idéologiques. Quant aux pistes de solutions, citons l’indispensable formation, mais aussi l’adaptation des interprètes aux nécessités du marché, et surtout un engagement collectif des interprètes, des universités, des institutions et des organismes prestataires en faveur de la reconnaissance du métier