Caractérisation des systèmes de production d’igname en Guadeloupe et étude des déterminants des choix variétaux des agriculteurs

Abstract

National audienceL’igname est aujourd’hui cultivée sur une surface de 5 millions d’hectares dans le monde et représente une production de 54 millions de tonnes (FAO, 2010). En Guadeloupe, elle occupe la 4° place après la canne à sucre, la banane et le melon et représente la première culture vivrière (Chambre Agriculture, 2009). Véritable produit identitaire (Chia and Dulcire, 2008), elles sont cultivées par un quart des agriculteurs (Agreste 2009, a) et consommées de façon régulière par une grande partie de la population (Merlo, 2007). Malheureusement, c’est une culture aujourd’hui en perte de vitesse comme en atteste la réduction des surfaces cultivées depuis 1984 (Agreste 2009, b). En zone intertropicale, les agriculteurs doivent en effet faire face à un nombre de contraintes accrues telles que la diminution de la fertilité des sols (Verge et al., 2007), la pression parasitaire, la pression des adventices engendrant une augmentation des coûts de production (Cinna, communication personnelle). Par ailleurs, la demande émanant du marché reste peu caractérisée au niveau de la filière et est le fait de l’appréciation de chaque producteur à un niveau individuel. Face à ce constat, se pose aujourd’hui la question de savoir quelles ignames produire, dans quelles conditions et selon quel cahier des charges.Il n’existe pas moins de 20 variétés appartenant à 6 espèces cultivées chez les producteurs d’igname en Guadeloupe (Voisin, 2010). Cette diversité est aujourd’hui un atout pour la culture de l’igname et représente un enjeu en termes de promotion d’une agriculture et d’une alimentation locale de qualité. L’objectif de ce travail est de caractériser les systèmes de production à base d’ignames en Guadeloupe et de comprendre les fondements de la diversité variétale rencontrée dans ces systèmes. Son originalité réside dans le fait que la question est abordée sous l’angle des choix variétaux opérés par les agriculteurs, ceux-ci étant des acteurs clés des systèmes observés. Nous considérons que les déterminants de ces choix sont multiples et que la diversité variétale observée est une résultante de compromis effectués à différents niveaux par les agriculteurs. La méthode utilisée repose sur l’établissement d’une typologie des systèmes de production à base d’ignames en Guadeloupe à partir de données sur les assolements des exploitations. Afin de caractériser la diversité variétale rencontrée au sein de chaque type, un échantillon de 37 producteurs d’ignames stratifié selon la typologie établie a fait l’objet d’une enquête approfondie. Les déterminants des choix variétaux opérés par les agriculteurs sont également exposés. 7 types de systèmes de production à base d’ignames ont été mis en évidence. Ces systèmes apparaissent contrastés depuis des exploitations de petite taille assimilables au jardin créole et détentrices de la plus importante diversité spécifique, jusqu’au aux grandes exploitations orientées principalement vers des cultures d’exportation dans lesquelles l’igname est cultivée à la marge. Les caractéristiques organoleptiques et alimentaires des ignames s’avèrent être les plus déterminantes dans le choix des variétés, suivies des caractéristiques de conduite des cultures. La production semble ainsi être en partie guidée par le marché tandis que les variétés sont ensuite évaluées par les agriculteurs sur leur adaptation au milieu et les rendements obtenus. Les perspectives de ce travail sont la formulation de préconisations en matière de recherche agronomique sur les systèmes de culture à base d’igname et en amélioration variétale

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