Observer le comportement animal au temps de l’Antiquité – induction des protocoles au regard des pratiques actuelles en éthologie.

Abstract

International audienceLes historiens de la pensée interprètent souvent les discours antiques, y compris dans le domaine naturaliste, comme déterminés par des postures idéologiques. En réaction contre ce parti pris intellectuel, nous pensons utile de faire le pari de l’expérience et d’envisager l’histoire naturelle antique comme une tradition majoritairement fondée sur des données d’expérience et une observation cumulée. Pour mettre à l’épreuve cette approche, qui suppose une autre genèse des savoirs naturalistes, nous examinerons le dossier des descriptions de comportements proposées par Aristote principalement dans les livres 8 et 9 de l’Histoire des Animaux. Notre objectif est donc d’aborder les textes antiques, par un travail conjoint impliquant la philologie, l’histoire, la biologie et l’éco-éthologie contemporaine en faisant l’hypothèse, a priori, d’une objectivité des observateurs lors de leur description des comportements. Aristote circonscrit les comportements des animaux aux fonctions d’accouplement et de soins aux petits et à la recherche de nourriture, toutes forces vitales qui contribuent à la persistance des populations —les principaux éléments influant sur ces comportements étant les changements de saison et les variations de températures, par ailleurs deux facteurs dépendants (HA 596a20-23). Observateur et médiateur de récits et de données qu’il généralise, Aristote propose des descriptions particulièrement détaillées de comportements et de leurs contextes. Nous centrerons notre étude sur le thème des soins aux petits qui fournit un riche éventail de textes sur des espèces variées (oiseaux, mammifères, poissons) de milieux terrestres ou aquatiques. Notre démarche consistera dans un premier temps, à confronter les descriptions des textes d’Aristote pour quelques espèces cibles avec les connaissances actuelles concernant les comportements de ces espèces. Il s’agira d’apprécier dans quelle mesure l’analyse des comportements animaux pendant l’antiquité s’accorde ou non avec celle issue de nos observations contemporaines. Cela nous permettra également de discuter de l’existence éventuelle des biais d’observations liés à l’une ou l’autre époque. Comme les textes antiques nous donnent essentiellement des résultats d’observations, notre exercice consistera, in fine, à tenter de reconstituer les protocoles possibles mis en œuvre par les observateurs ou Aristote lui-même pour l’obtention de ces observations. Au-delà de la pertinence des descriptions comportementales des animaux par les humains pendant l’antiquité, cette étude ciblée permettra, à partir des inférences proposées sur les actions mobilisées pour connaître les comportements animaux et des écarts entre les rapports d’observation de l’antiquité et d’aujourd’hui, de réfléchir sur les aspects généralisables et la souplesse ou flexibilité des comportements

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