Poirier, Diane

e-artexte

Tableaux trouvés - hommage à Soulagesphoto #13in-folioDiane Poirier, 2019-2020Tous droits réservés, images et textes.Aucune reproduction sans la permission explicite de l’auteur.Imprimé à Montréal (Québec, Canada), 2020.En couverture : Soleil noir - 2019 - # 1924 En Occitan, Soulages signifie « soleil agissant » ( sol agens ).© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13, page 3Pixels d’outrenoir - H1 - 2019 - # 1466© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13 page 4Pixels d’outrenoir - H2 - 2019 - # 1458© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13, page 5Pixels d’outrenoir - H3 - 2019 - # 1455© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13 page 6Pixels d’outrenoir - V1 - 2019 - # 1467© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13, page 7Pixels d’outrenoir - V3 - 2019 - # 1469© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13 page 8Pixels d’outrenoir - V2 - 2019 - # 1463© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13, page 9Le peintre Pierre Soulages a eu 100 ans en 2019 et il est toujours actif en création. On le connaît surtout pour ses grands tableaux dont la texture de peinture noire capte l’attention du regardeur pour y voir jouer les reflets de la lumière. Il a aussi réalisé des vitraux blancs – opalescents – pour l’abbaye de Conques.Pixels d’outrenoir :Entrant dans un édifice commercial en réfection, j’ai été captivée par la lumière du dehors qui se frayait un chemin à travers les grandes vitrines sur lesquelles on avait grossièrement appliqué au rouleau de la peinture noire. J’ai tout de suite pensé aux grands tableaux noirs d’outrenoir de Soulages et j’en ai oublié ce que j’allais faire là, pour plutôt me mettre à chercher les meilleurs angles de prise de vue au moyen de mon iPhone. Il y a certes un brin de subversion dans mon titrage, car ce qui semble à première vue « pixels », ce sont les pigments photographiés de la peinture coagulée sur les vitres. Les véritables pixels de la photographie ne sont pas si évidents à voir, bien qu’ils y soient évidemment.« Ce que l’on voit devant mes toiles, c’est de la lumière transmutée par le noir », nous dit Soulages. Si la lumière de ses tableaux est réfléchie par la texture de la peinture noire, dans ma série Pixels d’outrenoir, la lumière se fraye plutôt un chemin à travers la vitre maculée,  filtrée par le tamis des pigments.Le mur exposé, côté nord :C’est dans le même édifice en réfection que j’ai réalisé la photographie intitulée Le mur exposé, côté nord en capturant la lumière rasante prise aux rets des reliefs accidentés d’un mur défoncé. Par chance, l’espace autour de ce mur blanc était dégagé, comme dans une galerie d’art contempo-rain. Le plancher, peint en gris, rappelant la carte grise servant en photo à mesurer au moyen du posemètre la lumière ambiante réfléchie à 18 %. La référence à ce gris prévalent est engrammée dans l’œil et le cerveau des photographes.Mon titrage Le mur exposé… joue sur le double sens de l’exposition en galerie (ici c’est le mur lui-même qui est proposé à la contemplation) et l’exposition photographique qui enregistre la lumière réfléchie. La forme et la couleur suggèrent encore la rupture d’une banquise, d’où l’ajout au titre de côté nord.Le dénuement, la qualité du rendu de la lumière, la disposition des plans dans l’espace de composition incitent à la méditation devant cette anfractuosité qui révèle la beauté et l’efficience de la lumière. « There is a crack in everything, that’s how the light gets in » me chante Cohen à l’oreille.Comme le dit Soulages, ce que l’œuvre permet au regardeur de percevoir ce n’est pas seulement le tableau, mais bien le champ d’observation devant le tableau dans lequel il est lui-même englobé. Il en va de même pour le photographe, du moins © Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13 page 10en photographie d’auteur : ce n’est pas qu’un fragment du réel, mais le regard du photographe interpellé par ce réel qu’il cherche à transmettre, comme une transmutation de la perception infu-sée de conscience humaine. Je dis souvent que le hors-champ de la photographie, c’est le pho-tographe, dont on ne saurait oublier le regard cadrant agissant sur le réel.Et puis, avec un peu d’imagination, ne peut-on pas voir une certaine affinité entre Le mur exposé, côté nord et un vitrail de Conques réalisé par Soulages ? Un piège à lumière.5 méditations sur le noir :Il m’est apparu tout naturel d’ajouter à cet In-folio les 5 photographies d’un mur noir texturé reflétant, comme les tableaux de Soulages, des reflets de lumière. Lorsqu’on s’y attarde le moindrement, on peut y projeter des formes. Dans la 5e méditation, la réalité d’un arbre s’impose, avec ses timides et fluorescentes feuilles vertes pour opérer une photosynthèse.La disposition en grille de quatre photos faisant face à une photo de plus grand format sur la page adjacente témoigne d’une réflexion que je poursuis sur le séquençage et la disposition des photographies sur le support linéaire des pages d’un livre. L’effet de voir d’un seul coup d’œil une série est différent de celuir de regarder une seule image à la fois. C’est aussi à méditer…Paysage de noir tramé :La dernière photo de ce fascicule propose un Paysage de noir tramé. À la façon dont les premières semblaient laisser voir des pixels, celle-ci semble laisser voir la trame d’une impression sur papier en palimpseste sur une scène qui n’a réellement de paysage que la projection que le spectateur y fait, ainsi que son format oblong, mais tout de même imprimé ici en format portrait. Une autre réflexion sur le format livresque : quel serait le format idéal des pages susceptible d’accommoder au mieux les différents formats de photographies ?Tout en magnifiant les nuances des noir, gris et blanc, toutes les photographies de ce fascicule sont des photographies couleur.Tableaux trouvés :Ce fascicule est le premier d’une suite de fasci-cules regroupant ce que j’appelle mes Tableaux trouvés. Ce sont des œuvres photographiques que j’ai captées au fil de mes déambulations urbaines en cadrant comme si j’avais l’œil, à défaut de la technique, de la dextérité et de la patience, d’un peintre. Je pratique intuitivement la reconnais-sance de formes sur des surfaces maculées ou texturées. De plus en plus, au lieu de reconnaître des formes organiques, humaines ou animales, j’y reconnais des œuvres d’art.© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13, page 11Le mur exposé, côté nord - 2019 - # 1551© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13 page 124 méditations sur le noir - 2019 - # 1517, 1518, 1523, 1522© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13, page 135e méditation sur le noir - 2019 - # 1520© Diane Poirier, 2020 In-folio photo #13 page 14Paysage de noir tramé - 2020 - # 2525In-folio photo est une collection de fas-cicules d’accompagnement à mes séries de photographies. Leur parution est irrégulière. Pour en permettre une diffusion à coût raisonnable, l’impression n’y est pas de qualité archive. Dans tous les cas, les photographies originales sont de bien meilleure qualité, apparence et perma-nence. Le fascicule permet toutefois de situer chacune de mes estampes numériques dans un contexte plus large, en y juxtaposant des textes et d’autres images apparentées. Au fil du temps, les In-folio photo permettront de retracer l’évolution de l’artiste ou ses circonvolutions.Les estampes numériques originales  de cet In-folio photo sont disponibles sur demande. Diane Poirier est née à Montréal où elle vit et travaille. Sa pratique artistique privilégie la photographie, l’écriture, la relation texte - image. « C’est par la photographie artistique et l’écriture que je choisis de distiller, de façon originale et décloisonnée, ce qui m’anime profondément : l’être-au-monde, la conscience humaine, le face-à-face entre l’observateur et l’objet de son observation, les ques-tions bien posées. »info @ DianePoirier.ca514 843-4843crédit photo : Luc Dupont

In-folio photo #13 : tableaux trouvés : hommage à Soulages

https://e-artexte.ca/id/eprint/36056/1/In-folio%20photo%2013.pdf

In-folio photo #13 : tableaux trouvés : hommage à Soulages

Abstract

Similar works

Full text

Available Versions

e-artexte