Poirier, Diane

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Paysage mouvantet réflexions sur le net et le flou en photographiephoto #7in-folioDiane Poirier, 2013Tous droits réservés, images et textes.Aucune reproduction sans la permission explicite de l’auteur.Imprimé à Montréal (Québec, Canada), 2013.Photo en page couverture : Entrée en gare 2013-1040© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 3Hors-champ un train© Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 4Paysage mouvant 2013-1490archet sur paysage-temps strident© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 5Paysage mouvant 2013-1419l’horizon réclame© Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 6Paysage mouvant 2013-1399une verticale, pour se voir© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 7Paysage mouvant 2013-1459distraction de carte postale,© Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 8Paysage mouvant 2013-1401pixels en cavale          feuilleté des© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 9Paysage mouvant 2013-1262couleurs et mutisme des oiseaux© Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 10Paysage mouvant 2013-1200chorus d’arbres,© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 11Paysage mouvant 2013-1469ces éventés, en basse continue© Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 12Paysage mouvant 2013-1487pur se mueve,© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 13Paysage mouvant 2013-1511pur me mueve,   mezza voce© Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 14Paysage mouvant 2013-1427de l’eau dans les rideaux de cils© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 15Paysage mouvant 2013-1065du photographe© Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 16Paysage mouvant 2013-1670flou sans os des nuages© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 17Paysage mouvant 2013-1177pour toute partition© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 19Réflexions sur le net et le flou en photographieDevant une photo nette, il est généralement plus facile de distinguer une ou des formes se détachant sur un fond. Les formes sont clairement délimitées les unes par rapport aux autres. Un espace tridimensionnel est postulé, comme lorsque l’on perçoit le réel. Le regardeur en oublie le support photo – qui se fait transparent comme une fenêtre ou une lentille performante – pour regarder ce qui est photographié (le référent). S’il y a complexité ou ambigüité, elle se situe au niveau de la scène ou de l’objet photographié.Une photo floue brouille le processus de dis-tinction entre forme et background. L’oeil tente des ajustements pour trouver le bon angle, le spectateur cherche la distance adéquate pour regarder, à défaut d’un contrechamp stable se déduisant de la perspective. La compréhen-sion de l’image n’est pas donnée d’un coup, mais se construit dans un aller-retour entre la photo et le spectateur, impliqué dans un processus de mise au point. Dans une photo floue, le spectateur est forcé de se coltailler avec le support photo qui est voile plutôt que transparence. L’interprétation fait appel à sa subjectivité. Le référent bouge ou scintille der-rière le support photographique. La porosité des formes déstabilise la relation d’un sujet étanche regardant un objet étanche et fini, au profit d’un entre-deux à construire.La photo floue est associée à un regard flottant ou en mouvement, à la vision périphérique. Contrairement à la vision fovéale dans laquelle l’oeil s’arrête sur un point de fixation pour obtenir des détails à haute résolution, la vision périphérique livre des impressions globales, comprimées et déformées du champ de vision total. Moins précise, mais ultrarapide, elle © Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 20détecte les mouvements, même pendant la nuit, enregistre une impression générale d’une situation visuelle dont la vision fovéale, plus lente, permettra une analyse plus détaillée. Liée au mouvement, la vision périphérique permettra de déclencher une réaction de fuite ou de retrait en cas de danger ou une émotion en lien avec une atmosphère, un senti cor-porel, le souvenir d’expériences antérieures, avant même que la perception ne soit analysée par la vision fovéale et le cortex supérieur. La vision fovéale est celle de la lecture et du décryptage et demande une attitude proactive et focusée, alors que la vision périphérique opère comme en background, dans un état d’attention globale, réceptive et flottante, davantage mélangée avec la mémoire et l’imaginaire.Le flou privilégie la connotation (halo de sens) plutôt que la dénotation ; il est en ce sens plus près de la poésie que de la prose. Selon Bachelard, le réel est doté de deux structures fondamentales : le cristal et la fumée (ou la flamme). Une approche technoscientifique ou documentaire de la photographie privi-légie le cristal net, associé à l’objectivité. Le flou en photographie a été mis de l’avant par le courant artistique du pictorialisme, pour y incorporer de la subjectivité et aussi pour un certain rapprochement avec la peinture. La photo floue est soit considérée « ratée », soit d’emblée considérée à visée artistique.Alors que la photo nette témoigne d’une maîtrise technique, la photo floue laisse plus volontiers intervenir l’accident fertile en ne contrôlant pas tous les paramètres à l’occasion de la prise de vue. Si la photographie nette fige l’instant, le flou cinétique peut révéler le mouvement et l’imprégner d’une durée.Les photographies floues de ma série « pay-sage mouvant » ont été prises à bord d’un train. On n’y voit pas que le paysage, on perçoit aussi le bougé, le regard flottant du photographe ou du voyageur. Le temps du sujet observateur est mélangé avec le paysage.Il y a glissement, de « le paysage est » à « le paysage est photographié ». Le support photo-graphique est tout aussi présent que le serait le canevas peint dans le cas d’un tableau. La traînée des formes et des couleurs brouille la perspective, mais ce que la vision en trois dimensions perd à la vue d’ensemble, se trouve ramené à la surface du support, donnant l’im-pression d’une texture, d’un empâtement, d’un barbouillage.Dans l’interprétation d’une photo floue, la mémoire culturelle du regardeur intervient, lui rappelant des tableaux déjà vus. Le paysage devient un pan de nature informé de culture.© Diane Poirier, 2013 In-folio photo # 7, page 21NETdénotationétanchéité et stabilité des formestransparence du support photo,fenêtre sur le mondeperception d’espace tridimensionnel du réel, perspective, sujet en face d’un objetvision fovéaleapproche techno-scientifique, documentaire, objectivitécristalFLOUconnotationporosité et incertitude des formesprésence du support photo,réalité voilée, en reflet, médiéeinterprétation impliquant imaginaire et mémoire (temps), projection du sujet en l’objetvision périphériqueapproche artistique, subjectivité, pictorialisme, émotivitéflamme ou fumée© Diane Poirier, 2013 In-folio photo #7, page 22Hors-champ un train, archet sur paysage-temps stridentl’horizon réclame une verticale, pour se voirdistraction de carte postale, pixels en cavalefeuilleté des couleurs et mutisme des oiseauxchorus d’arbres, ces éventés, en basse continuepur se mueve, pur me mueve, mezza vocede l’eau dans les rideaux de cils du photographeflou sans os des nuages pour toute partition.In-folio photo est une collection de fas-cicules d’accompagnement à mes séries de photographies. Leur parution est irrégulière. Pour en permettre une diffusion à coût raisonnable, l’impression n’y est pas de qualité archive. Dans tous les cas, les photographies originales sont de bien meilleure qualité, apparence et perma-nence. Le fascicule permet toutefois de situer chacune de mes estampes numériques dans un contexte plus large, en y juxtaposant des textes et d’autres images apparentées. Au fil du temps, les In-folio photo permettront de retracer l’évolution de l’artiste ou ses circonvolutions.Les estampes numériques originales de la série Paysage mouvant sont disponibles sur demande. Diane Poirier est née à Montréal où elle vit et travaille. Sa pratique artistique privilégie la photographie, l’écriture, la relation texte - image. « C’est par la photographie artistique et l’écriture que je choisis de distiller, de façon originale et décloisonnée, ce qui m’anime profondément : l’être-au-monde, la conscience humaine, le face-à-face entre l’observateur et l’objet de son observation, les ques-tions bien posées. »info @ DianePoirier.ca514 843-4843crédit photo : Pierre Tousignant

In-folio photo #7 : paysage mouvant et réflexions sur le net et le flou en photographie

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