L’adaptation prismatique (AP) consiste à induire une perturbation visuelle de l’environnement à l’aide de lunettes prismatiques qui décalent le champ visuel latéralement de quelques degrés. Cette méthode, très facile à mettre en œuvre et non invasive repose sur des mécanismes de plasticité cérébrale des fonctions sensori-motrices et est parfois utilisée en rééducation pour réduire le biais attentionnel de patients cérébro-lésés présentant des signes de négligence spatiale. Les signes de négligence ne semblent toutefois pas pouvoir s’améliorer chez tous les patients traités et plusieurs études ne retrouvent pas d’effets bénéfiques sur les manifestations cliniques de la négligence à long terme. Ces différences de résultats peuvent notamment être expliquées par la difficulté de conduire des études en double aveugle et donc d’exclure certains biais expérimentaux comme des effets placebo. Il est en effet difficile pour l’expérimentateur, du fait de la forme et du poids des lunettes prismatiques, de ne pas être informé du traitement appliqué. Pour répondre à ces limitations, notre groupe de recherche a récemment mis au point un protocole d’AP en réalité virtuelle immersive. Le biais d’adaptation est ici induit grâce au décalage visuel entre la position du contrôleur tenu dans la main des participants et sa représentation dans l’environnement visuel. Après une présentation du protocole d’AP classique et des principaux résultats observés dans le traitement de l’héminégligence, nous détaillerons comment l’AP peut être implémentée en réalité virtuelle immersive et quels sont les avantages et différences de cette technique par rapport au protocole d’AP classique