L’influence des activités pédagogiques visant à favoriser la métacognition sur l’état d’esprit langagier et la dynamique motivationnelle des personnes apprenantes de l’anglais langue seconde au collégial

Abstract

Cette étude trouve son origine dans une problématique observée de façon informelle dans notre propre pratique enseignante en anglais langue seconde au Cégep Limoilou (Québec), soit le manque de motivation que rapportent les personnes étudiantes face à leur premier cours d’anglais langue seconde obligatoire dans le cadre de la formation générale du système collégial au Québec. Cet état de démotivation s’observe autant chez les personnes étudiantes qui se considèrent fortes en anglais et pensent qu’elles n’auront plus rien à apprendre dans le cours, que chez celles qui considèrent que l’anglais n’est pas leur force et qu’elles ne seront pas en mesure de s’améliorer. Des observations semblables ont été rapportées par d’autres personnes enseignantes dans la littérature sur le système collégial, notamment en français langue seconde (Gagné et Popica, 2017) ainsi que dans d’autres disciplines de la formation générale (Bélec, 2018; Leriche, Walczak et Gravel, 2015; Roberge, Ménard et Croteau, 2015). Dans un désir de mieux comprendre l’enjeu sous-jacent et pour donner suite à la revue de la littérature, nous avons conçu un cadre conceptuel inspiré de la dynamique motivationnelle de Viau (2007, 2009), auquel nous avons intégré les concepts d’aptitude métacognitive (Schraw, 1998; Schraw et Moshman, 1995) et d’états d’esprit langagiers (Lou et Noels, 2016, 2021), qui se situent sur un continuum entre un état d’esprit fixe et un état d’esprit de croissance (Dweck, 1999, 2010). Ainsi, selon Blackwell, Trzesniewski et Dweck (2007), les personnes qui adhèrent à un état d’esprit fixe ont tendance à attribuer leurs échecs à un manque d'intelligence ou de talent et sont susceptibles de douter de leur capacité à s’améliorer, tandis que les personnes qui font preuve d’un état d’esprit de croissance attribuent l'échec à leur effort et sont plus enclines à travailler plus fort parce qu’elles croient qu’elles peuvent améliorer leurs compétences en y mettant l’effort requis. Les personnes étudiantes qui rapportent un manque de motivation en raison de leur perception d’une impossibilité d’apprendre semblent donc avoir en commun le fait qu’elles font preuve d’un état d’esprit fixe. Ceci nous a mené à formuler la question de recherche suivante : Comment les activités pédagogiques visant à favoriser la métacognition influent-elles sur l’état d’esprit langagier des personnes étudiantes ainsi que sur leur motivation au sein d’un cours d’anglais de la formation générale au collégial? Afin d’y répondre, nous avons défini deux objectifs spécifiques: 1) caractériser l’influence des activités pédagogiques visant à favoriser la métacognition sur l’état d’esprit langagier, tel qu’auto-rapporté par les personnes étudiantes et 2) expliquer les relations entre aptitude métacognitive, état d’esprit langagier et intensité motivationnelle, tel qu’auto-rapporté par les personnes étudiantes. Notre cadre de référence repose donc sur trois grands concepts : la métacognition, les états d’esprit et la motivation. Afin d’atteindre nos deux objectifs, nous avons conçu une étude selon une approche mixte intégrant des données quantitatives et qualitatives et s’inscrivant dans le paradigme pragmatique. Elle a été réalisée selon un devis concomitant triangulé multi-phases auprès d’un échantillon de 49 individus sur une population totale de 145 personnes étudiantes inscrites au cours 604-103-MQ, Culture anglaise et littérature au Cégep Limoilou. Pour la collecte de données, nous avons conçu un questionnaire contenant des items sur une échelle de Likert ainsi que deux questions ouvertes. Les items à choix multiples proviennent de sections de questionnaires éprouvées dans la littérature : le Language mindsets inventory (Lou et Noels, 2016), l’Awareness of Independent Learning Inventory (Meijer et al., 2013) et l’Attitude/Motivation Test Battery (Gardner, 2004). Le questionnaire a été passé à quatre moments distincts de la session afin de pouvoir observer d’éventuels changements. Après la fin de la session, nous avons effectué des entrevues semi-dirigées avec quatre personnes volontaires afin de compléter la collecte de données qualitatives. L’analyse des données quantitatives nous permet d’observer une augmentation statistiquement significative au fil de la session dans les trois concepts mesurés, soit l’aptitude métacognitive, l’état d’esprit langagier et l’intensité motivationnelle. Les corrélations démontrées dans l’analyse des données quantitatives, triangulées avec les données qualitatives issues des questions ouvertes et des entrevues semi-dirigées, pourraient nous mener à croire que l’activation métacognitive entraîne des répercussions positives sur l’état d’esprit de croissance qui influence, à son tour, de façon positive, la motivation et l’engagement des personnes étudiantes. En réponse à notre question générale de recherche, nous pouvons donc affirmer que les activités pédagogiques visant à favoriser la métacognition ont l’effet recherché, notamment une augmentation de l’aptitude métacognitive des personnes étudiantes et que cette aptitude a vraisemblablement des répercussions positives sur leur état d’esprit langagier. Tel qu’auto-rapporté par les personnes étudiantes, les boucles métacognitives leur auraient permis d’apprendre comment apprendre, les menant ainsi à la croyance qu’elles peuvent apprendre. Ainsi, ces boucles métacognitives auraient contribué au développement d’un état d’esprit de croissance qui semble avoir entraîné une augmentation de la motivation scolaire, se manifestant par un engagement cognitif accru dans le cadre des apprentissages du cours

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