Les visages perdus du récit de filiation contemporain

Abstract

International audienceOn ne s'attardera pas trop sur la définition du récit de filiation sauf pour noter que celle-ci a suivi de près son remarquable développement au cours des quarante dernières années-si du moins, ainsi qu'on le fait généralement, on retient comme inflexion décisive les années 1980. Dans la formulation la plus simple, il s'agit du récit des fils et des filles à propos de leurs parents ou ascendants. Pour une définition plus précise, nous pouvons nous appuyer sur celle qu'a procurée en 2005 Dominique Viart dans un chapitre de La Littérature française au présent. Retenons-en la proposition essentielle, surtout pour notre propos : « Le récit de l'autre-le père, la mère, ou tel aïeul-est le détour nécessaire pour parvenir à soi, pour se comprendre dans cet héritage : le récit de filiation est un substitut de l'autobiographie 1. » Ajoutons, comme en fait encore la remarque Dominique Viart, que le récit de filiation appartient largement au domaine de l'avéré. Autrement dit, il traite de figures bien réelles et non d'être inventés-ce qui, évidemment, n'interdit pas le jeu de l'imagination ni même que l'appellation « roman » soit employée par les auteurs, et il convient dans ce cas de voir sa signification précise 2. La représentation d'une personne et d'une existence réelles n'obéit pas à des règles poétiques différentes de celles qui ont cours dans la fiction ; en revanche le biographe comme l'autobiographe sont tenus par un contrat de vérité, par l'obligation de ressemblance à un modèle, par un certain régime de la preuve. Cela retentit sur la modalité du portrait

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