Explorer les stratégies compensatoires respiratoires en parole : le cas des fentes palatines

Abstract

International audienceLes fentes palatines sont des malformations congénitales affectant la production de la parole, notamment la réalisation des consonnes (Bechet et al., 2012). Ces troubles articulatoires peuvent être conséquents à une insuffisance vélo-pharyngée entrainant une perte de pression intraorale lors de la phonation (Mayo et al., 1998). Si ces locuteurs mettent en place des stratégies compensatoires au niveau articulatoire (Harding & Grunwell, 1996), ils mobilisent également de plus grands volumes d’air expiratoires afin de pallier la perte de pression intraorale (Laine et al., 1989 ; Warren et al., 1992). Compte tenu l’interaction étroite entre la respiration et la structuration des énoncés (Winkworth et al., 1995), ces réajustements respiratoires pourraient avoir des conséquences sur l’organisation du discours.Les objectifs de cette étude sont d’examiner les stratégies compensatoires mises en place au niveau respiratoire par les locuteurs porteurs de fentes palatines, afin de pallier les dysfonctionnements vélo-pharyngés, et d’identifier les effets de ces réajustements sur l’organisation spatio-temporelle du discours dans deux tâches de parole différentes. Pour cette étude, 17 locuteurs témoins et 12 locuteurs porteurs de fente palatine, âgés de 7 à 12 ans, ont été enregistrés en parole lue et en parole semi-spontanée. Les données respiratoires ont été recueillies à l’aide de ceintures électromagnétiques élastiques (système Respitrace ©), disposées sur le thorax et l’abdomen. Synchronisées au signal de parole, enregistré à l’aide d’un microphone, ces données offrent une représentation de la variation des périmètres thoracique et abdominal tout au long de la phonation.Au vu des résultats, il apparait que les principaux réajustements déployés par les enfants porteurs de fente palatine sont mis en place lors de l’expiration. En effet, si l’amplitude inspiratoire ne montre aucune différence significative entre les deux groupes de locuteurs, quelle que soit la tâche de parole, la compression de l’ensemble thoraco-abdominal tend à être plus élevée chez les locuteurs porteurs de fente palatine, en comparaison au groupe contrôle. En outre, les enfants porteurs de fente terminent leurs groupes de souffle en puisant davantage dans leur volume expiratoire de réserve, en comparaison avec les locuteurs témoins, notamment en parole semi-spontanée. En lecture, la durée des cycles respiratoires tend à être plus courte chez les locuteurs porteurs de fente palatine, notamment en raison d’une réduction des groupes de souffle, tandis qu’en parole semi-spontanée, leur durée est similaire entre les deux groupes de locuteurs. Le nombre de syllabes par groupe de souffle est également réduit chez les enfants avec fente. La différence mesurée entre ces deux tâches de parole sera discutée lors du colloque

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