Diagnostic d’eutrophisation des zones humides chassées des Hauts de France

Abstract

La Fédération Régionale des Chasseurs (FRC) des Hauts de France a contacté l’Université duLittoral Côte d’Opale et son Centre Commun de Mesures, ainsi que le Laboratoired’Océanologie et de Géosciences pour établir un diagnostic d’eutrophisation des zoneshumides chassées de la région, et trouver des solutions pour endiguer le problème, le caséchéant. En effet, les résultats à un questionnaire de la FRC envoyé à ses membres indiquentque 58% des propriétaires de zones humides chassées ayant répondu (>800) rencontrent desproblèmes grandissants de gestion à cause de proliférations d’algues filamenteuses, delentilles d’eau, d’eaux vertes, et/ou d’envasement important. Le diagnostic, mené d’avril àseptembre 2018 sur 26 zones humides chassées réparties équitablement sur les 4départements, montre que la majorité d’entres-elles sont dans un état physico-chimique etbiologique médiocre voire mauvais. Celles du Nord souffrent principalement d’un excès dephosphore et de proliférations de cyanobactéries potentiellement toxiques, rendant les eauxvertes et fortement turbides, tandis que celles de la Somme et de l’Aisne souffrent plutôt d’unexcès de nitrates+nitrites engendrant des proliférations d’algues filamenteuses. Pour le Pasde-Calais, les raisons varient d’une ZH à l’autre. De manière générale, il apparaît que (1) lesdynamiques du phosphore et de l’azote Kjeldahl sont indépendantes de celle desnitrates+nitrites, (2) plus l’eau de la zone humide est riche en nitrates+nitrites plus il y ad’algues filamenteuses, et (3) une pollution au phosphore favorise les proliférationsphytoplanctoniques dominées par les cyanobactéries potentiellement toxiques, engendrant deseaux vertes et turbides. D’autre part, cette étude montre que l’indice IPLAC, développé en2016 par l’IRSTEA en collaboration avec l’ONEMA pour évaluer l’état de santé écologiquedes lacs français d’intérêt public, est applicable aux zones humides. Comme constaté par lesauteurs de cet indice, l’indice IPLAC est inversement et significativement lié aux phosphates,au phosphore total, à l’azote Kjeldahl, à la biomasse chlorophyllienne, à la turbidité, et auxproliférations de cyanobactéries. Il est donc un bon indicateur d’une pollution par lephosphore principalement, qui engendre des proliférations de cyanobactéries, une coloration« verte » de l’eau, et une certaine turbidité de l’eau. Par contre, l’indice IPLAC est inefficacepour tracer les pollutions par les nitrates et l’accumulation conséquente d’alguesfilamenteuses. Un bio-indicateur complémentaire doit donc être développé pour évaluerpleinement l’état de santé écologique d’une zone humide. Des solutions pour mitigerl’eutrophisation des zones humides échantillonnées, lorsque c’est le cas, sont proposées àchaque propriétaire sous forme de fiche individuelle. Cependant, l’idéal serait de traiter lescauses plutôt que les symptômes, c’est à dire réduire les sources de pollution à l’échelle dubassin versant. C’est particulièrement urgent pour mitiger les blooms de cyanobactériespotentiellement toxiques, dont les spécialistes prédisent une augmentation importante de leurfréquence, durée, et ampleur, en raison du réchauffement climatique

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