Le corps impropre : évaluation psychomotrice du corps vécu après un traumatisme crânien

Abstract

Traumatic brain injury (TBI) leads to psychic, cognitive and motor impairments. Studies have shown that the association of these disorders in patients with moderate to severe brain injury causes a lack of self-consciousness, including a default of motor skills perception. Using a phenomenological method leads to categorize two body’s dimensions: the physical body built on sensorimotricity and activated under conscious activity; the subjective body as a conscious representation modified by cognitive and psychic processes. The field of emersiology that we study, explores how the information from the physical to the subjective body is distorted. This study focuses on the emersion on motor skill information, to qualify a pathologic default of emersion on TBI patients. In our comparative study, 34 volunteers without disability and 32 patients with moderate to severe TBI where recruited (more than 2 years after their injury). We combine two methodological approaches. On one hand, a quantitative analysis involving aspect involves confrontation of objective score on motor test to an autoevaluation by the subject, before and after the action. On the other and, we qualitative exploration is based on body image scale and interviews about self-judgment. A mismatch between performance and its representation, still persistent after action, is considered as pathological. Our result suggests the positive body image is preserved after a traumatic brain injury. However the limits of this study show it is necessary to develop specific scale for TBI in the future. The psychomotor evaluation reveals the self-knowledge of is better in the TBI group which suggest patient learn about themselves since the rehabilitation started.Introduction : Le traumatisme crânien résulte d’une atteinte cérébrale dans un contexte d’impact. Pourvoyeur de handicap, il entraîne des séquelles motrices, cognitives et psychiques qui bouleversent le rapport au corps. A travers une lecture phénoménologique inspirée des travaux de Merleau-Ponty, deux dimensions sont abordées : le corps vivant lié au schéma corporel, actif au niveau infra-conscient ; et le corps vécu accessible à la conscience, teinté de représentations. Ainsi, l’émersiologie développée par Bernard Andrieu, postule l’existence d’un processus d’émersion inconscient selon lequel certaines données de l’activité du corps vivant parviennent plus ou moins déformées à la conscience du corps vécu. L’impropriété qualifie cet écart entre la réalité objective du vivant et la perception consciente du vécu. Le traumatisme crânien altère les fonctions sensorimotrices du corps vivant et les processus cognitivo-psychiques nécessaires à l’émersion. Méthode : Les capacités motrices du corps vivant sont confrontées à leur représentation dans le vécu conscient. Ainsi, 66 personnes âgées de 20 à 60 ans sont recrutées en Ile de France : 32 sujets victimes de traumatismes crâniens modérés à sévères, en phase séquellaire, en situation de handicap modérée à sévère ; et 34 sujets sains. Le vécu est analysé via deux questionnaires sur l’image du corps et un entretien. La motricité volontaire est étudiée via quatre tests moteurs portant sur l’équilibre, les coordinations dynamiques, la motricité fine digitale et faciale. La dimension vécue est révélée via des auto-évaluations des sujets en amont et en aval d’une action. Un test de corrélation de Pearson entre les scores aux tests moteurs et les autoévaluations permet une mesure de l’impropréité ; tandis qu’un test des rangs signés de Wilcoxon appliqué aux auto-évaluations met en évidence l’émersion stimulée par l’action motrice. Résultats : La comparaison entre les résultats aux questionnaires n’est pas significative et démontre que l’image positive du corps est préservée après un traumatisme crânien. L’analyse des entretiens permet une lecture plus approfondie du phénomène et montre que même si les personnes peuvent se montrer insatisfaites par leurs capacités physiques, une certaine fierté ressort au regard des progrès faits depuis l’accident. Pour la phase motrice, l’application d’une Anova met en évidence un effet de l’action motrice sur les auto-évaluations. Les corrélations entre la représentation d’une capacité et le score au test moteur sont plus souvent significatives après l’action chez les sujets témoins ; tandis qu’elles sont significatives en amont et en aval de l’action dans la plupart des cas chez les personnes qui ont eu un traumatisme crânien. Discussion : L’émersion est stimulée par l’action motrice qui réactualise le vécu corporel conscient. La conscience corporelle préexistante avant l’action chez des personnes qui ont eu un traumatisme crânien révèle une bonne conscience des capacités motrices, probablement liée à l’expérience de la rééducation. L’analyse de l’image du corps par les questionnaires et les entretiens montre que même si des insatisfactions persistent, les capacités physiques sont assimilées aux progrès réalisés depuis la rééducation. Si bien que l’image positive du corps est préservée. En revanche nos résultats démontre qu’il est nécessaire de développer des outils d’évaluation adapté au traumatisme crânien qui tiendrait compte des différents paramètres en jeux dans la motricité

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