Du code du barrio à l’idéologie d’une entreprise : l’extorsion et l’économie morale de la violence des gangs au Guatemala‪ = From the Code of the Barrio to the Ideology of a Business: Gang Extortion and the Moral Economy of Violence in Guatemala City

Abstract

Apparues dans les années 1990, les maras centraméricaines ont depuis connu des changements profonds dans leurs cultures de groupe et leurs économies criminelles, changements qui ont infléchi l’expérience de l’insécurité dans les communautés urbaines pauvres où elles sont implantées. S’appuyant sur une étude de terrain ethnographique menée sur un territoire de gang à Guatemala-ville, cet article suit l’évolution dans le temps de l’économie morale du crime et de la violence, en mettant en avant un virage prédateur vers l’extorsion entamé par ces maras. L’article soutient que l’évolution de la violence des gangs et ses effets dans ce territoire s’explique en particulier par des changements survenus dans les rapports entre les gangs et les barrios, et par la divergence des imaginaires sociaux. L’expansion de l’extorsion a coïncidé avec le déplacement du commandement et de l’organisation de ces maras des rues vers les prisons, ce qui a contribué à détacher les cliques du contexte social et éthique des barrios. Cette séparation a transformé le paysage moral de la violence et de la réciprocité dans les « zones rouges » de la ville. // Since their appearance in the 1990s, Central America’s maras have undergone profound changes in their group cultures and criminal economies that have reshaped the experience of insecurity in marginal urban communities where they operate. Drawing on ethnographic fieldwork in a Guatemala City gang territory, I trace how the moral economy of crime and violence has changed over time, focusing on the mara’s predatory turn to extortion. I propose that the evolution of gang violence and its impact here is best understood in terms of shifting relationships between gang and barrio and diverging social imaginaries. The expansion of extortion coincided with the city’s maras becoming prison- rather than street-based groups, severing gang cliques from the social and ethical worlds of their barrios. This estrangement has transformed the moral landscape of violence and reciprocity in the city’s ‘red zones’

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