En Belgique, les relations entre les autorités publiques et les organisations de la société civile, principalement les organisations socio-professionnelles, fonctionnent selon certains principes issus du néo-corporatisme et du consociativisme. C’est-à-dire que les organisations impliquées dans ces échanges sont considérées comme représentatives, quantitativement via leur nombre de membres, et qualitativement en ce qu’elles reflètent les clivages traversant la société (les piliers). L’économie sociale, quant à elle, consiste en la conduite d’activités économiques visant une finalité sociale. Suscitant ces dernières années un engouement politique et médiatique, les organisations fonctionnant selon les principes de l’économie sociale (essentiellement des associations, mais également des coopératives, des sociétés à finalité sociale et des fondations) ont ressenti le besoin de se fédérer afin de défendre leurs intérêts dans la sphère politique, et plus particulièrement au niveau socio-professionnel, largement connu sous l'appellation "concertation sociale". La communication étudie dans un premier temps les processus de fédération des intérêts de l’économie sociale en organisations coupoles représentatives. Ces processus se révèlent intrinséquement liés à l’histoire économique et sociale de la Belgique. En effet, malgré le regain d’attention dont elle bénéficie actuellement, l’économie sociale trouve ses racines dans les formes de solidarité issues de la période industrielle. Les organisations qui y étaient apparentées étaient alors liées aux différents piliers, essentiellement chrétien et socialiste (par exemple les mutuelles et les mouvements ouvriers). De nouvelles formes d'économie sociale sont apparues, plutôt sous la forme associative, à la sortie des Trente Glorieuses, en réaction au déclin de l'État-Providence et à la montée de politiques néo-libérales. C’est à cette époque qu’est institué en Wallonie le Conseil Wallon de l’Economie sociale. Cette instance constitue un microcosme hautement représentatif de la structuration de l’économie sociale en organisations représentatives. S’y cotoient en effet les organisations historiquement liées aux piliers socialiste et chrétien pour une part, mais également des organisations plus récentes se revendiquant pluralistes. Il apparaît que dans la constitution de ces dernières, un équilibre des différents piliers tend à être recherché entre les membres fondateurs. Prenant comme cadre spatial le Conseil wallon de l’économie sociale, la communication présente dans un second temps les enjeux liés à la place des organisations représentatives de l’économie sociale dans le paysage institutionnel belge. A l’aide de données empiriques (entretiens semi-directifs auprès d’individus actifs dans les organisations représentatives et littérature grise), la communication expose les signes de résilience des caractéristiques néo-corporatistes et consociatives dans les interactions entre les organisations représentatives de l’économie sociale et les décideurs politiques (essentiellement au niveau des cabinets ministériels). Ce cadre spatial permet en outre d'aborder la question de l'actualisation de la pillarisation au niveau régional, comme effet potentiel de la fédéralisation de l'État belge